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ques de la théorie de l’être. Le chef suprême de ce gouvernement s’appelle HOH, ce qui veut dire en latin, selon Campanella, metaphisicum. Ce chef est assisté dans le gouvernement par trois ministres, qui ont pour noms la Force, la Sagesse, l’Amour. Le premier a la direction des travaux de la guerre, le second a la direction de tout ce qui concerne les sciences, le troisième veille sur les mariages et sur la génération des enfants. Au-dessous de ces trois ministres, il y a autant de magistrats qu’il y a de vertus. Campanella appli­que à sa république les mêmes principes de com­munauté que Platon. Tout est commun dans la cité du Soleil comme dans la république de Pla­ton. Les femmes et les hommes sont élevés de la même manière. Les enfants, dès l’âge le plus tendre, sont placés au milieu des instruments de tous les arts et de tous les métiers, afin que leur vocation se réveille ; car, dans la cité du Soleil, tout citoyen est tenu de travailler, et nous som­mes, dit Campanella, l’objet des railleries des citoyens de cet État, parce que nous avons at­taché l’idée de bassesse au travail et l’idée de noblesse à l’oisiveté.

Le chef suprême est nommé par élection. Il faut qu’il ait des notions sur chaque chose, car il doit présider atout, politique, histoire, science, philosophie. Mais le plus savant sera-t-il toujours le plus habile ? A cette objection les habitants de la cité du Soleil répondent qu’un savant leur offre toujours plus de garanties qu’un ignorant qu’on choisit pour roi parce qu’il est fils de roi. D’ailleurs, la science dont il s’agit est une science vraie, solide, féconde, et non une science stérile et scolastique comme la nôtre. Campanella entre ensuite dans des détails sur leur métaphysique et leur religion. La métaphysique qu’il leur attri­bue est tout naturellement la sienne. Quant à leur religion, elle consiste à adorer Dieu dans le dogme de la trinité. Dieu, disent-ils, est la souveraine puissance ; de la souveraine puissance procède la souveraine sagesse, et de la souve­raine sagesse unie à la souveraine puissance pro­cède l’amour, qui, avec la sagesse et la puissance, ne fait qu’un seul et même Dieu. Ce sont les magistrats eux-mêmes qui sont les prêtres de cette religion.

Même dans cette courte analyse et au milieu de bien des erreurs, il est impossible de ne pas reconnaître des idées qui attestent un grand es­prit. Campanella doit donc être considéré comme un des plus remarquables précurseurs de la ré­volution philosophique du xvne siècle, et comme un des esprits les plus originaux et les plus vastes du xvi®.

Voici la liste des ouvrages de Campanella et des dissertations dont il a été l’objet : de Libris propriis et recta ratione studendi syntagma, ed. Gabriel Naudé, in-8, Paris, 1642 ; Amst., 1645 ; in-4, Rotterdam, 1692 ; —ad Doctorem gentium de gentilismo non retinendo, et de prœdestinatione et gratia, in-4, Paris, 1657 ; Philosophia sensibus demonstrata, in-4, Naples, 1590 (cet écrit est une défense de la philosophie deTelesio) ;

  • de Sensu rerum et magia, in-4, Francf.-s.-leM., 1620, et Paris, 1637 ; Philosophiœ ratio­nalis et realis partes V, in-4, Paris, 1638 ; Universalis philosophice, seu Metaphysicarum rerum juxta propria dogmata, § III, in-fJ, Paris, 1638 ; Atheismus triumphatus} seu Reductio ad religionem per scientiam ventatis, in-f°, Rome, 1631 ; in-4, Paris, 1636 ; Ci­vitas Solis, in-12, Utrecht, 1643 ; —de Rerum natura, libri IV, publié avec d’autres écrits, sous le titre suivant : Realis philosophiœ epilogisticœ, § IV, hoc est de Rerum natura, hominum moribus, politica, cui Civitas Solis adjuncta est oeconomica cum adnott. physioll., in-4, Francf.s.-le.M., 1623. On a publie aussi un extrait de ce recueil, sous le titre suivant : Prodromus philosophiœ instaurandœ, i. e. Dissert, de na­tura rerum, compendium, etc., in-4, Francf.-s.le-M., 1617 ; de optimo Genere philosophandi, Paris, 1636. Campanella a écrit aussi des poé­sies philosophiques, Scelta d’alcune / oesie filosofiche, publiées sous le pseudonyme de Settimontano Squilla, Francf., 1622. Il a défendu le catholicisme dans l’ouvrage intitulé Monarchia Messiœ, Aix, 1633, et dans un autre ouvrage écrit en italien : délia Libertà e délia felice suggezzione alio stato ecclesiastico, in-4, Aix, 1633. La Bibliothèque nationale de Paris possède de lui quelques manuscrits politiques. Ses Lettres et ses Poésies ont été traduites en français par Mme Colet, Paris, 1844.—Voy. sur la philosophie de Campanella : Cipriani, Vita et philosophia Th. Campanellœ, in-8, Amst., 1705 et 1722 ; Notices biographiques ae Sckroeckh, t. I, p. 281 ;
  • Recueil de Fülleborn, 6e cahier, p. 114 ; Vies et opinions de quelques physiciens célèbres à la fin du, xvic siècle, par Rixner et Siber, 6e livraison (ail.) ; de Religiosis Campanellœ opinionibus, Ferrari, Parisiis, 1840, in-8 ; Th., 1843, in-8 ; Morus et Campanella, par C. Dareste, Paris ; Baldacchini, Vita e filosophia di Tomaso Campanella, 2 vol. in-8, Naples, 18401843.F. B.

CAMPE (Joachim-Henri) naquit en 1746, à Deersen ou Teersen, dans le Brunswick. Après avoir étudié la théologie à l’Université de Halle, il fut successivement aumônier de régiment au service de la Prusse, conseiller de l’instruction publique à Dessau, et directeur du collège fondé dans la même ville par le célèbre Basedow, sous le nom de Philanthropin. Bientôt il quitta cette position pour fonder lui-même ; à Hambourg, un autre établissement, d’où la faiblesse de sa santé l’obligea à se retirer encore. Enfin il mourut en 1818, doyen de l’église de Saint-Cyriaque, à Brunswick, et docteur en théologie de la faculté de Helmstaedt. Campe s’est principalement si­gnalé par ses travaux sur la lexicographie et sur l’éducation. Il a embrassé, avec chaleur, et per­fectionné, sous beaucoup de rapports, le système de Basedow qui présente assez d’analogie avec celui de J. J. Rousseau. Mais il a aussi laissé des écrits philosophiques dont le principal mérite est dans la noblesse des sentiments qu’ils expriment, dans la justesse de certains aperçus psychologi­ques et surtout dans la clarté, dans l’élégante facilité du style, qualités alors, encore plus qu’au­jourd’hui, très-rares en Allemagne. En voici les titres : Dialogues philosophiques sur l’ensei­gnement immédiat ae la religion et sur certaines preuves insuffisantes qui en ont été données, in-8, Berlin, 1773 ; Commentaire philosophi­que sur les paroles de Plutarque : « La vertu est une longue habitude ; » ou bien, de l’Origine des penchants qui nous portent à la vertu, in-8, ib., 1774 ; de la Faculté de sentir et de la fa­culté de connaître dans l’âme humaine ; la première envisagée dans ses lois, toutes deux dans leur destination primitive, dans leur in­fluence réciproque, etc., in-8, Leipzig, 1776 ; de la Sensibilité et de la Sentimentalité, in-8, Hambourg, 1779 ; Petite psychologie à l’usage des enfants, in-8, ib., 1780. Indépendamment de ces divers ouvrages, tous écrits en allemand, Campe a aussi publié dans plusieurs recueils périodiques, comme dans le Muséum allemand (année 1780, p. 195 ; année 1781, p. 393), et dans le Journal ae Brunswick (année 1788, p. 407), plusieurs articles de théologie dans le sens du rationalisme II était grand partisan des idées libérales