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et in-4o, Oxfo-d, 1637, Quœstiones in VIII libros Physicorum Aristotelis, in libros de Anima et in parva naturalia, Paris, 1516 ; In Aristotelis Metaphysica, ib. ; 1518 ; So­phismata, in-8. Voy. Bayle, Dictionnaire critique, et les Histoires générales de la philo­sophie, surtout celle de Tiedmann.

BURIGNY (J. Lévesque de), né à Reims en 1692, mort en 1785, était frère de Lévesque de Pouilly, avec lequel il travailla longtemps et fut, comme lui, membre de l’Académie des inscrip­tions et belles-lettres. Lié d’amitié avec M. de Saint-Hyacinthe, l’auteur du chef-d’œuvre d’un inconnu, il fut attiré par lui en Hollande où il composa une grande partie des articles de

  1. 'Europe savante. On doit à Lévesque de Burigny ; outre un certain nombre de mémoires insères dans le recueil de l’Académie des inscrip­tions, plusieurs ouvrages d’histoire et de poli­tique : de l’Autorité du pape, 1720, 4 vol. in-12, où il défend les droits du souverain pontife, mais fixe en même temps les bornes de sa puis­sance et attaque son infaillibilité ; soutient la suprématie de l’Église, les droits des évêques et l’indépendance temporelle des princes ; His­toire de Sicile, la Haye, 1746, 2 vol. in-4 ; —His­toire des révolutions de Constantinople, la Haye,
  1. in-4 ou 3 vol. in-12 ; Vie de Grotius, avec l’histoire de ses ouvrages et des négociations auxquelles il fut employé, Paris, 1752, 2 vol. in-12 ; Vie d’Érasme, Paris, 1757, 2 vol. in-12 ;
  • Viede Bossuet, Paris, 1761, in-12 ; Vie du cardinal Duperron, Paris, 1768, in-12 ; Let­tre à Mercier de Saint-Léger, sur les démêlés de Voltaire avec Saint-Hyacinthe, 1780, in-8. On lui attribue VExamen critique des apologistes de la religion chrétienne, attribué également à Fréret. En outre il a rendu à la philosophie quelques services estimables. En 1724, il avait publié une Histoire de la philosophie païenne,
  1. vol. in-12, pleine de fautes typographiques qui la rendaient presque illisible. Cette histoire ayant été malgré cela jugée très-favorablement par Fabricius, Le Clerc et Brucker, il en fit pa­raître une seconde édition, corrigée et sensi­blement améliorée sous le titre de Théologie païenne, Paris, 1754. Il a donné encore une tra­duction française du traité de Porphyre : Sur l’abstinence de la chair, avec la vie de Plotin, accompagnée d’une dissertation sur les Génies, Paris, 1740, in-12.

Voy. l'Éloge de Burigny par Dacier, dans le tome XLVII des Mémoires de l’Académie des inscriptions, et le recueil des notions historiques de Walcknaer.

BURKE (Edmond) naquit en 1730, et mourut en 1797. Il fit une partie de ses études à l’Université de Dublin, sa ville natale. Il ne nous ap­partient pas de le suivre dans la carrière où il s’est illustré comme orateur et comme écrivain politique. Sa place est marquée dans l’histoire du parlement anglais et dans celle des grands événements de la fin du dernier siècle. Comme philosophe, il a mérité une réputation durable par un livre qui obtint un grand succès à l’époque où il partit^ et qui jouit encore aujourd’hui d’une certaine réputation, sa Recherche philosophique sur l’origine des idées du sublime et du beau. Cet ouvrage, écrit avec élégance, et rempli d’ob­servations ingénieuses, est un des meilleurs qui aient marqué les premiers progrès d’une science encore peu avancée. Burke commence par éta­blir, dans une introduction étendue, l’universalité des principes du goût. Le goût, selon lui, est une faculté complexe, où les sens, l’imagination et la raison entrent comme éléments. Or, chez tous les hommes, les sens sont organisés de manière à percevoir de même les objets ; l’imagination ne fait que varier la disposition des idées qu’ils lui transmettent ; la raison, qui est le pouvoii de discerner le vrai du faux, a ses règles fixes Primitivement, le goût ne peut donc être qu’uni­forme, et ses différences doivent tenir à des causes accidentelles, comme l’habitude, l’exer­cice, etc. Il est difficile de contester l’excellente thèse que soutient Burke ; mais une critique sévère serait en droit de lui reprocher la part trop large qu’il fait aux sens, comme éléments du goût et comme sources d’idées. Quoi qu’il en soit, Burke, arrivant à parler du sublime et du beau, se livre d’abord à une étude approfondie des émotions qui peuvent agiter le cœur de l’homme. Il distingue le plaisir positif que pro­duit en nous la présence des objets agréables, et la sensation mélangée de crainte et de jouis­sance, le délice, comme il l’appelle, que provoque l’éloignement de la douleur. Il distingue de même les passions qui se rapportent à la conser­vation de soi, et celles qui ont pour objet la so­ciété ; parmi celles-ci, la sympathie occupe le premier rang. Cela posé, il place le sentiment du sublime dans la classe des sentiments person­nels, le sentiment du beau dans celle des passions sociales, et il considère le premier comme déve­loppé en nous par l’idée d’une douleur ou d’un danger auquel nous ne sommes pas actuellement exposés. Le sentiment du sublime n’est autre que la terreur accompagnée de la conscience de notre sécurité. C’est le suave mari magno de Lucrèce. Burke examine dans une seconde partie les cau­ses qui produisent le sublime ; ce sont, pour ne citer que les principales, l’obscurité, la puissance, la privation, l’infinité, la magnificence, la lu­mière. Cette analyse abonde en observations intéressantes et vraies, que suggère à l’auteur la connaissance étendue de la littérature et des arts ; mais l’explication des faits manque souvent de profondeur. Une troisième partie est consacrée à l’idée du beau. Burke y réfuté d’abord quel­ques-unes des définitions proposées par les phi­losophes. Il fait voir que la beauté ne réside ni dans la proportion, ni dans la convenance des parties, ni dans la perfection. C’est peut-t-tre le meilleur chapitre de l’ouvrage. Burke a eu le mérite de montrer que le jugement du beau n’est pas le résultat d’une comparaison, qu’il est instinctif et immédiat. La conclusion qu’il tire de là sert à établir sa définition : « La beauté est le plus souvent une qualité des corps qui agit physiquement sur l’esprit humain par l’inter­vention des sens ; » théorie singulièrement étroite qui ne permet pas d’appliquer le terme de beauté à l’intelligence et à la vertu, et qui réduit l’étude du beau à la recherche des qualités sen­sibles des objets qui nous paraissent tels. Engagé dans cette voie exclusive, Burke ne s’y arrête plus. Après avoir indiqué les caractères extérieurs de la beauté, comme la petitesse, la délicatesse, le poli, etc., il en cherche la cause efficiente dans les lois de l’organisme et le système nerveux. Tout ce qui est propre à produire une tension extraordinaire des nerfs, doit causer une passion analogue à la terreur et, par conséquent, est une source de sublime ; tout ce qui produit, au contraire, un relâchement dans les fibres, est un objet beau : telle est la conclusion hypothétique, arbitraire, insuffisante, à laquelle aboutit un ouvrage fort bon à beaucoup d’égards. Esprit fin et pénétrant plutôt que solide, Burke excellait surtout à saisir les nuances les plus délicates des sentiments et des idées. 11 a légué à la philo­sophie de l’art les observations de détails les plus originales et les plus précieuses et une théo­rie contestable. La Recherche philosophique sur l’