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que les esprits sur l’homme. Il a laissé les ouvrages suivants : Candida et sincera ad­monitio de philosophia cartesiana, in-12 ; Wesel, 1668. Cette philosophie ayant paru héterodoxe, il en fit une Apologie, qui ne fut pas plus goûtée que son Explication du catéchisme de Heidelberg. Le Monde enchanté, en holl., in-4, 4 vol., Leuwarden, 1690 ; Amst., 1691-1693 : ouvrage qui a été traduit en français, en italien, en es­pagnol et en allemand. Becker publia cet ou­vrage à l’occasion de la grande comète de 1680, la même qui fixa l’attention de Bayle. Ces deux philosophes furent également persécutés pour avoir voulu rassurer leurs contemporains contre les vaines frayeurs que leur inspirait l’appari­tion de cette comète, et pour avoir voulu les délivrer de quelques superstitions funestes. On peut voir sur sa polémique : 0. G. H. Becker, Schediasma criticolitterarium de controversiis \ praecipuis B. Beckero motis, in-4, Kœnigsb. et Leipzig, 1721. Schwager a écrit la vie de B. Becker, in-8, Leipzig, 1780.

BECKER (Rodolphe-Zacharie), né à Erfurt en 1786, précepteur à Dessau, puis professeur privé à Gotha, a popularisé la philosophie mo­rale, par ses Leçons sur les droits et les devoirs des hommes, in-8, 2 parties, Gotha, 1791-1792.

  • Un Mémoire couronné par VAcadémie de Berlin, sur la question de savoir s’il y a des manières de tromper le peuple qui lui soient avantageuses. Cet ouvrage a aussi paru en fran­çais, in-4, Berlin, 1780.Du Droit de propriété en matière d’ouvrages d’esprit ; in-8, Francfort et Leipzig, 1789.

BÈDE. surnommé le Vénérable, naquit en 672 ou 673, dans un village du diocèse de Durham.

A l’àge de sept ans, ses parents le confièrent aux soins des moines, depuis peu établis à Weremouth et à Jarrow ; à dix-neuf ans, il fut ordonné diacre, prêtre à trente ans, et le premier asile de son enfance devint le séjour où sa vie entière s’écoula. En 701, le pape Sergius l’ayant, dit-on, mandé à Rome, il avait refusé, malgré les vives instances du pontife, de quitter sa solitude et son pays. Au milieu des devoirs aussi nombreux que pénibles de la profession monastique, innu­mera monasticæ servitutis retinacula, comme il les appelle, son esprit laborieux et vaste se livra assidûment à l’étude de toutes les bran­ches des connaissances humaines qui étaient alors cultivées, et il acquit une instruction bien supérieure à celle de ses contemporains. Dans le catalogue des livres qu’il avait composés, et dont la plupart nous sont parvenus, on trouve des introductions élémentaires aux différentes sciences, des traités sur l’arithmétique, la phy­sique, l ! astronomie et la géographie, des ser­mons, des notices biographiques sur les abbés de son monastère et sur d’autres personnages éminents, des commentaires sur PËcriture sainte, enfin une Histoire ecclésiastique des AngloSaxons, qu’il rédigea sur des documents en­voyés de tous les diocèses d’Angleterre et même de l’Église de Rome. La tradition lui attribue un recueil d’axiomes tirés des ouvrages d’Aris­tote, et M. Barthélémy Saint-Hilaire en a tiré la conclusion qu’ilavaiteu sous les yeux la Politique du philosophe grec (Polit. d’Aristote, préf.) : mais d’habiles critiques pensent que ce recueil est plus ancien, et que Bède, comme les doc­teurs scolastiques des siècles suivants, jusqu’au xm®, n’a connu d’Aristote que 1 'Organum (Rech. sur l’âne et l’origine des trad. d’Aristote, par C. Jourdain, in-8, 2e édit., p. 21). Boëce, Cicéron et les Pères, sont les autorités qu’il suit le plus fréquemment ; et comme il leur emprunte à peu près tout ce qu’il avance, on ne doit chercher

dans ses ouvrages ni un système régulier, ni des théories qui lui soient propres ; ce sont de labo­rieuses compilations dont l’utilité fut inappré­ciable au vin’siècle, mais qui aujourd’hui n’of­frent pour nous que fort peu d’intérêt. Bède mourut en 735, comme il avait vécu, au milieu de travaux littéraires, et dans la pratique de la dévotion. Quelques auteurs reculent sa mort, sans aucune vraisemblance, jusqu’à l’année 762 ou même 766. Les œuvres de Bède ont eu plusieurs éditions. La dernière et la plus com­plète est celle de Cologne, 1688, en 8 volumes in-fol., dont les deux premiers comprennent, les ouvrages sur les sciences humaines· les Élé­ments de philosophie, qui forment le second, sont de Guillaume de Conches. Il faut y joindre divers opuscules publiés par Wharton ( in-4, Londres, 1693) ; Martenne, Thésaurus Anecdotorum, t. V ; Mabillon, Analecta. L’Histoire des Saxons, traduite, dit-on, en saxon, par Alfred le Grand, a été souvent réimprimée à part. On peut consulter sur la vie et les ouvrages de Bède : Oudin, Comm. de Scriptoribus ecclesiasticis, t. I ; Dupin, Bibliothèque des auteurs ecclés., t. VI ; Mabillon, Acta sanct. ord. S. Benedicti, t. III, p. 1 ; et parmi les écrivains plus récents, Lingard, Antiquités de l’Eglise saxonne, dans les Preuves de l’Histoire d’Angleterre. C. J.

BENDAVID (Lazare), philosophe israélite, d’un esprit très-distingué, et disciple zélé de Kant, qui en parle dans ses ouvrages avec la plus haute estime. Né à Berlin, en 1762, de parents très-pauvres, il exerça d’abord un métier, celui de polir le verre, tout en faisant lui-même sa première éducation. Il ne fut pas plutôt par­venu à s’assurer une petite position contre le besoin, qu’il se rendit à Goëttingue pour y suivre les cours de l’Université. Ses goûts le portèrent d’abord vers l’étude des mathématiques, qu’il cultiva pendant quelque temps avec un grand succès. Mais la philosophie de Kant commençant alors à faire beaucoup de bruit en Allemagne, Bendavid voulut la connaître et s’y attacha d’une manière irrévocable. De retour à Berlin, en 1790, il fit des leçons publiques sur la Critique de là Raison pure. Il se rendit ensuite à Vienne, où il exposa le système entier de la philosophie criti­que, à la satisfaction générale de tous les esprits éclairés. Le gouvernement autrichien, dans ses préjugés étroits, lui ayant interdit l’enseignement public, Bendavid fut accueilli dans la maison du comte de Harrah, où pendant quatre ans il con­tinua ses leçons devant un auditoire choisi. Cependant, de sourdes persécutions l’obligèrent enfin à regagner sa ville natale, où, par ses cours et par ses écrits, il rendit de grands services à la nouvelle école. Il prit aussi part à la rédaction d’un journal politique, qui se publiait à Berlin pendant l’invasion française, et montra jusqu’à la fin de sa vie le plus grand zèle pour l’instruc­tion de ses coreligionnaires. Il mourut le 28 mars 1832, sans avoir apporté la moindre modification à ses opinions purement kantiennes. Voici les titres de ses écrits philosophiques, tous publiés en allemand : Essai sur le Plaisir, 2 vol. in-8, Vienne, 1794 ; Leçons sur la critique de la Raison pure, in-8, Vienne 1795, et Berlin, 1802 ;

  • Leçons sur la critique de la Raison pratique, in-8, Vienne 1796 ; Leçons sur la critique du Jugement, in-8, Vienne, Π96 ; —Matériaux pour servir à la critique du Goût} in-8, Vienne, 1797 ;
  • Essai d’une théorie du Gout, in-8, Berlin, 1798 ;
  • Leçons sur les princijies métaphysiques des sciences 7iaturelles, in-8, Vienne, 1798 ; Essai d’une th oriedu droit, in-8, Berlin, 1802 ; de l’Originede nos connaissances, in-8, Berlin, 1802. Ce dernier ouvrage est un Mémoire adressé à