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ACTUEL.

Nous n’avons pas encore de traités, ni même de mémoires ou d’articles spéciaux sur nos facultés actives ; il faut donc avoir recours, pour cette question, aux traités généraux qui l’ont plus ou moins expressément débattue. On consultera avec fruit : 1o  Locke, Essai sur l’entendement humain, traduct. Coste, liv. ii, ch. 21 ; 2o  Thomas Reid, Œuvres complètes, traduct. Jouffroy, 6 vol in-8o, Paris, 1829, t. v, p. 315 et t. vi, p. 222 ; 3o  Dugald-Stewart, Esquisses de philosophie morale, traduct. Jouffroy, in-8o, Paris, 1826, seconde partie ; 4o  Maine de Biran, Œuvres complètes, édit. Cousin, 4 vol. in-8o, Paris, 1841, t. i, p. 80 et suiv. ; t. ii, p. 87 et suiv. ; t. iv p. 245 et suiv., et passim ; 5o  Th. Jouffroy, Mélanges philosophiques, in-8o, Paris, 1833, p. 343 et suiv. ; 6o  Damiron, Cours de philosophie, 2 vol. in-8o, Paris, 1837, t. i, p. 10, 18 ; 7o  Ahrens, Cours de philosophie, 2 vol. in-8o, Paris, 1836, t. ii, septième leçon.

A. Ch.

ACTUEL [quod est in actu] est un terme emprunté de la philosophie scolastique, qui elle-même n’a fait que traduire littéralement cette expression d’Aristote : τὸ ὂν κατ’ ἐνεργείαν. Or, dans la pensée du philosophe grec, assez fidèlement conservée sur ce point par ses disciples du moyen âge, l’actuel c’est ce qui a cessé d’être simplement possible pour exister en réalité et, si je peux m’exprimer ainsi, à l’état de fait ; c’est aussi l’était d’une faculté ou d’une force quelconque quand elle est entrée en exercice. Ainsi ma volonté, quoique très-réelle comme faculté, ne commence à avoir une existence actuelle qu’au moment où je veux telle ou telle chose. Actuel dit, par conséquent, plus que réel. De la langue philosophique, qui aurait tort de l’abandonner, ce terme a passé dans le langage vulgaire, où il signifie ce qui est présent ; sans doute parce que rien n’est présent pour nous que ce qui est révélé par un acte ou par un fait. Voyez Réel et Virtuel.

ADAM du Petit-Pont, né en Angleterre au commencement du xiie siècle, étudia à Paris sous Matthieu d’Angers et Pierre Lombard, et y tint une école près du Petit-Pont, comme l’indique son surnom, jusqu’en 1176, où il fut nommé évêque d’Asaph, dans le comté de Glocester. Il mourut en 1180. Jean de Salisbury vante l’étendue de ses connaissances, la sagacité de son esprit, et son attachement pour Aristote ; mais on lui reprochait beaucoup d’obscurité. Il disait qu’il n’aurait pas un auditeur, s’il exposait la dialectique avec la simplicité d’idées et la clarté d’expressions qui conviendraient à cette science. Aussi était-il tombé volontairement dans le défaut de ceux qui semblent vouloir, par la confusion des noms et des mots, et par des subtilités embrouillées, troubler l’esprit des autres et se réserver à eux seuls l’intelligence d’Aristote (Jean de Salisbury, Metalogicus, lib. ii, c. 10 ; lib. iii, c. 3 ; lib. iv, c. 3. On ne connaît d’Adam qu’un opuscule incomplet, intitulé Ars disserendi, dont M. Cousin a publié quelques extraits dans ses Fragments de philosophie scolastique. Voyez aussi Histoire littéraire de France, t. xiv, Paris, 1840, p. 417 et suiv.

ADÉLARD, de Bath, vivait dans les premières années du xiie siècle. Poussé, comme lui-même nous l’apprend, par le désir de s’instruire, il visita la France, l’Italie, l’Asie Mineure ; et, de retour dans sa