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ACROAMATIQUE.

thode (Methodus investigandarum tradendarumque artium ac scientiarum ratio, in-8o, Bâle, 1558). Il mourut en 1566.

ACROAMATIQUE [de ἀκροάομαι, entendre]. C’est la qualification que l’on donne à certaines doctrines non écrites, mais transmises oralement à un petit nombre d’élus, parce qu’on les juge inaccessibles ou dangereuses pour la foule. Dans le dernier cas, acroamatique devient synonyme d’ésotérique (Voyez ce mot). Quelquefois même on étend cette qualification à des doctrines écrites, quand elles portent sur les points les plus ardus de la science, et qu’elles sont rédigées dans un langage en rapport avec le sujet. C’est ainsi que tous les ouvrages d’Aristote ont été divisées en deux classes : les uns, par leur forme aussi bien que par les questions dont ils traitent, paraissaient destinés à un grand nombre de lecteurs ; on leur donnait le titre d’éxotériques (ἐξωτερικούς) : les autres semblaient réservés à quelques disciples choisis ; ce sont les livres acroamatiques (ἀκροαματικοὺς ou ἐγκυκλίους). Quant à savoir quels sont ces livres et si nous les avons entre les mains, c’est une question qui ne peut être résolue ici. Voyez, dans le tome 1er  des Œuvres d’Aristote par Buhle, 5 vol. in-8o, Deux-Ponts, 1791, une dissertation intitulée : Comentatio de libris Aristotelis acroamaticis et exotericis. — Voyez Aristote.

ACRON d’Agrigente ne se rattache à l’histoire de la philosophie que parce qu’il fut le fondateur de l’école de médecine surnommée empirique ou méthodique ; cette école fleurit surtout pendant les deux premiers siècles après J.-C., et arbora, en philosophie, le drapeau du scepticisme ; elle a produit un grand nombre de philosophies sceptiques, tels que Ménodote, Saturnin, Théodas, etc. ; le plus distingué d’entre eux tous fut, sans contredit, Sextus Empiricus. Voyez Sextus.

ACTIVITÉ. Les êtres vivants, ceux du moins que notre terre connaît, affectent deux situations profondément distinctes : tantôt ils modifient le milieu qui les entoure : je frappe ; ils sont alors actifs ; tantôt ils subissent une modification que ce milieu leur imprime : je suis frappé ; ils sont alors passifs. Souvent le sujet d’où part l’action est encore l’objet sur lequel elle retombe : je me frappe ; la modification active et la modification passive qui en sort s’unissent, mais sans se confondre, dans un seul et même individu, agent à la foi et patient.

De toutes les espèces animées, la nôtre est, sans contredit, celle qui marque avec le plus d’éclat, de leurs caractères respectifs, les phénomènes de la vie en général, et en particulier ceux que nous venons d’indiquer ; c’est chez l’homme qu’il faut, pour en pénétrer l’essence, étudier et cette activité et cette passivité. Nous n’avons à éclairer pour le moment qu’un des côtés du problème ; nous ne dirons ici de nos propriétés passives que ce qu’on en doit nécessairement savoir pour comprendre nos forces actives. Ce sont ces forces que nous voulons exclusivement déterminer et décrire.

Qu’est-ce donc que ce pouvoir qui nous sert perpétuellement, soit à modifier le milieu ambiant, soit à nous modifier nous-mêmes ? Trois solutions principales ont été, de nos jours, données à cette question.

Les uns, Maine de Biran, par exemple, placent toute l’énergie de