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ABICHT. 11

ABICHT (Jean-Henri), né en 1762 à Volkstedt, professeur de philosophie à Erlangen, mort a Wilna en 1804, embrassa d’abord le spstème de Kant et les idées de Reinhold. Plus tard il voulut se frayer lui-même une route indépendante, et entreprit de donner une direction nouvelle à la philosophie ; mais cette tentative eut peu de succès il ne parvint guère qu’à former une nomenclature aride, incapable de déguiser l’absence de conceptions originales. Il composa un grand nombre d’ouvrages dont il suffit de mentionner les principaux : Essai d’une recherche critique sur la volonté, in-8, Francfort, 1788 ; Essai d’une métaphysique du plaisir, in-8, Leipzig, 1789 ; Nouveau système de morale, in-8 ib., 1790 ; Philosophie de la connaissance, in-8, Bayreuth, 1791 ; Nouveau système de droit naturel tiré de la nature humaine, in-8, ib., 1792 ; Lettres critiques la possibilité d’une véritable science de la morale, de la théologie, du droit naturel, etc., in-8, Nuremberg, 1793 ; Système de la philosophie élémentaire, in-8, Erlangen, 1795 ; la Logique perfectionnée, ou Science de la vérité, in-8, Fürth, 1802 ; Anthropologie psychologique, Erlangen, 1801 ; Encyclopédie de la philosophie, Francfort, in-8, 1804.

ABSTINENCE, (de abstineo, απεξομαι, se tenir éloigné). Elle consiste à s’imposer volontairement, dans un but moral ou religieux, la privation de certaines choses dont la nature, principalement la nature physique, nous fait un besoin. L’abstinence est recommandée également par le stoïcisme et par le christianisme, mais dans un but et d’après des principes-tout différents. L’abstinence stoïcienne, comprise dans le précepte d’Épictète Άνεξου και απεξου « Supporte et abstiens- toi, » tendait à rendre l’âme indépendante de la nature et à lui donner l’entière possession d’elle-même. Elle exaltait outre mesure le sentiment de la grandeur et de l’individualité humaine L’abstinence chrétienne, au contraire, se fonde sur le principe de l’humilité. Elle veut que l’homme expie ici-bas le mal qui est en lui par sa propre faute ou par celle de ses ancêtres, et qu’il s’abdique en quelque sorte lui-même pour renaître ailleurs. Enfin, l’abstinence est le principal caractère de la morale ascétique qui regarde la vie comme une déchéance, la société comme un séjour dangereux pour l’âme, et la nature comme une ennemie. Voyez Ascétique et Stoïcisme.

ABSTRACTION. On peut, avec Dugald-Stewart, en ses Esquisses de Philosophie morale, définir l’abstraction « cette opération intime qui consiste à diviser les composés qui nous sont offerts, afin de simplifier l’objet de notre étude. » De l’action de cette puissance intellectuelle résultent pour l’esprit des idées simples, telles que, par exemple, l’idée de tel phénomène du moi, l’idée de telle qualité de la matière, l’idée de tel attribut divin. Les notions de ce genre sont des acquisitions ultérieures de la pensée, et présupposent des idées concrètes, obtenues par l’exercice préalable soit de nos facultés expérimentales, soit de nos puissances rationnelles.

Dans l’ordre moral comme dans l’ordre physique, la nature n’a créé que des composés ; à l’esprit humain est laissée la tâche de les fractionner en leurs éléments simples. Dans l’analyse chimique, ce fractionnement s’opère en réalité. Dans l’opération intellectuelle, dont il s’agit ici, et qui