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et de la morale chrétienne, in-8o, Tubingen, 1790 ; Recherches philosophiques sur le commerce de l’homme avec des esprits d’un ordre supérieur, in-8o, Stuttgart, 1791 ; Exposition complète du fondement de notre croyance à l’immortalité, in-8o, Francfort-sur-le-Mein, 1826. Ce dernier ouvrage n’est que le développement d’une dissertation d’abord publiée en latin : Disquisitio omnium tam pro immortalitate quam pro mortalitate animi argumentorum, in-4o, Tubingen, 1792. Nous ne parlons pas de divers petits écrits étrangers à la philosophie.

ABSOLU, (de absolvere, accomplir ou délivrer). Ce qui ne suppose rien au-dessus de soi ; ce qui dans la pensée comme dans la réalité, ne dépend d’aucune autre chose et porte en soi-même sa raison d’être. L’absolu, tel qu’il faut l’entendre en philosophie, est donc le contraire du relatif et du conditionnel. Cependant, c’est par le dernier terme de cette antithèse que nous nous élevons à la conception du premier ; car, si nous n’avions aucune idée des conditions imposées à toute existence contingente et finie, si, avant tout, nous n’avions pas conscience de notre propre dépendance, nous ne songerions pas à une condition suprême, à une première raison des choses, en un mot, à l’absolu. Toutes les questions dont s’occupe la philosophie sont des questions relatives à l’absolu et nous représentent les divers points de vue sous lesquels cette idée peut être conçue. En effet, voulons-nous savoir d’abord si l’idée de l’absolu existe dans notre esprit et si elle est réellement distincte des autres éléments de l’intelligence, nous aurons soulevé le problème fondamental de la psychologie, celui de l’origine des idées ou de la distinction qu’il faut établir entre la raison et les autres facultés. De l’idée passons-nous à la vérité absolue, cherchons-nous l’accord de la vérité et de la raison nous aurons devant nous le problème sur lequel repose toute la logique. On sait que la morale doit nous faire connaitre l’absolu dans le bien, ou la règle souveraine de nos actions ; la métaphysique, l’absolu dans l’être, ou la condition suprême de toute existence enfin, sans la manifestation de l’absolu dans la forme, nous n’aurions aucune idée arrêtée sur le beau, et la philosophie des beaux-arts serait impossible. Mais aucun de ces divers aspects sous lesquels notre intelligence bornce est obligée de se représenter successivement l’absolu ne le renferme tout entier et ne peut en être l’expression dernière ; il faut donc qu’ils soient tous réunis, ou plutôt confondus, dans une existence unique, source suprême de la vérité et de la pensée, être souverain, type éternel du bien et du beau. Alors seulement nous connaîtrons l’absolu non plus comme une abstraction, mais dans sa réalité sublime ; nous aurons l’idée de Dieu, sur laquelle reposent toutes les recherches de la théodicée. De là résulte évidemment que le sujet qui nous occupe ne saurait être considéré comme une question à part ; car, pour le développer sous toutes ses faces, il ne faudrait rien moins que tout un système ou toute la science philosophique. Il n’est pas plus possible d’exposer ici les diverses opinions auxquelles il a donné lieu, ces opinions n’étant pas autre chose, dans leur succession chronologique, que l’histoire entière de la philosophie. Voyez particulièrement les articles Principe, Raison, Idée.