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PRÉFACE. XV

aussi d’un certain Harpocration qui aurait publié un travail tout à fait semblable sur la langue philosophique d’Aristote.

Les dictionnaires du moyen âge sont les Sommes, véritables encyclopédies au point de vue religieux de l’époque, mais où la philosophie, quoique rejetée au second rang et regardée comme un instrument au service de la foi, n’occupe pas moins de place peut-être que la théologie. Ainsi, le chef-d’œuvre de l’esprit humain au xiiie siècle, la Somme de saint Thomas d’Aquin est en même temps un recueil à peu près complet de toutes les connaissances et de toutes les idées philosophiques du temps, non-seulement chez les Chrétiens, mais aussi chez les Arabes et chez les Juifs. Maimonide, sous le nom de Rabi Moses, Avicenne, Averrhoès, y sont cités presque aussi souvent que Platon, Aristote et les docteurs de l’Église.

Mais ce ne fut guère qu’à la chute de la scolastique, vers la fin du xvie siècle, que parurent, sous leur véritable nom, les dictionnaires spécialement consacrés à la philosophie. Le premier de tous, autant que nous avons pu nous en assurer, c’est le Lexique en trois parties (Lexicon triplex) qui fut publié à Venise, en 1582, par Jean-Baptiste Bernardini, pour servir à la fois à l’usage de la philosophie platonicienne, péripatéticienne et stoïcienne.

Après cet ouvrage informe et sans unité qui caractérise assez bien la philosophie de la renaissance, vient le Répertoire philosophique (Repertorium philosophicum) de Nicolas Burchard, publié à Leipzig, en 1610, sur un plan plus régulier.

En 1633, Goclenius, excellent esprit qui, dans un temps de dogmatisme absolu, embrassa la cause de l’éclectisme, fit paraître son Lexique philosophique (Lexicon philosophicum), où tous les termes de philosophie en usage chez les anciens, soit chez les Grecs, soit chez les Latins, sont expliqués brièvement, mais avec beaucoup de netteté et de justesse. Ce petit ouvrage, d’ailleurs trop peu connu, peut être regardé surtout comme une introduction utile à l’étude de Platon et d’Aristote.

Dès lors l’usage et jusqu’au nom des lexiques philosophiques paraît généralement consacré et se transmet comme une tradi-