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vj PRÉFACE.

raison, sous une forme accessible à toutes les intelligences, un corps de doctrines où l’âme humaine puisse se reconnaître avec toutes ses facultés, tous ses bcsoins, tous ses devoirs et ses droits, et ces sublimes espérances qu’une main divine peut seule avoir déposées dans son sein. Peut-être faut-il donner raison à ceux qui prétendent qu’après trois mille ans d’existence elle ne saît encore que bégayer sur des questions frivoles, condamnce sur toutes les autres à la plus honteuse et la plus irrémédiable anarchie. Nous avons voulu répondre à tous ces doutes comme Diogene répondit autrefois à ceux qui niaient le mouvement. Nous nous sommes réunis un certain nombre d’amis de la science, de membres de l’Institut et de professeurs de l’Université ; nous avons mis en commun les fruits de nos études, et, sans autre autorité que celle des idées mêmes que nous cherchons à répandre, sans autre artifice que l’accord spontané de nos convictions, nous avons composé ce recueil où tous les problèmes qui intéressent à un certain degré l’homme intellectuel et moral, sont franchement abordés et nettement résolus ; où la variété de la forme, la diversité des détails ne met aucun obstacle à l’unité du fond et laisse subsister dans les principes le plus invariable accord.

Et quels sont ces principes ? Nous n’éprouvons ni embarras ni hésitation à les exposer ici en quelques mots ; car il n’est pas dans notre intention d’en faire mystère, et ce n’est pas d’aujourd’hui qu’ils gouvernent notre pensée. Les voici donc sous la forme la plus simple dont il soit possible de les revêtir, afin que chacun sache tout d’abord qui nous sommcs et ce que nous voulons.

1°. Gardant au fond de nos cœurs un respéct inviolable pour cette puissance tutélaire qui accompagné l’homme depuis le berceau jusqu’à la tombe, toujours en lui parlant de Dieu et en lui montrant le ciel comme sa vraie patrie, nous croyons cependant que la philosophie et la religion sont deux choses tout à fait distinctes, dont l’une ne saurait remplacer l’autre, et qui sont nécessaires toutes deux à la satisfaction de l’âme et à la dignité de notre espèce ; nous crovons que la philosophie est une science tout à fait libre, qui se suffit à elle-même et ne