paient une place désignée encore aujourd’hui sous le nom de rang des Cagots[1]. On voit à droite de la porte par où ils entraient, porte qui se trouve sous le clocher, un petit bénitier qui leur était affecté. Ce bénitier porte une sculpture qui a disparu en partie sous le ciseau ; les traces qui subsistent ressemblent assez à la patte d’un grand oiseau.
Les familles dites Cagotes de Campan n’ont pas de crétins. Le médecin que je viens de citer ne connaît chez elles qu’un rachitique, encore peu difforme. Il observe, en outre, que tout le monde, dans ces familles, a le lobe de l’oreille bien normal.
La commune de Guizerix, qui faisait autrefois partie de l’archiprêtré de Castelnau-Magnoac, et qui maintenant se trouve dans le canton de ce nom, arrondissement de Bagnères-en-Bigorre, renfermait des Capots, qui avaient un quartier particulier, et une petite porte réservée pour l’entrée et la sortie de l’église ; les autres fidèles se seraient bien gardés d’en faire usage. Cela dura jusqu’à la visite faite en cette église par Louis d’Aignan du Sendat, archidiacre de Magnoac, qui, pour abolir cette distinction, passa, en sortant du lieu saint, par la porte des Capots, accompagné du curé et des autres ecclésiastiques de la paroisse et de ceux de sa suite. Le peuple, voyant cela, les suivit aussi, et, depuis ce temps-là, tous les habitants ont passé indifféremment par l’une ou l’autre porte[2].
Il ne fallait rien moins qu’une pareille initiative pour vaincre la répugnance qu’inspirait la porte maudite, non-seulement aux gens du peuple, mais à ceux que leurs lumières auraient dû garantir d’un tel préjugé. Nous en trouvons la mesure dans le méchant tour qu’un habitant de