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INTRODUCTION.


S’il était nécessaire de démontrer avec quelle persistance invincible les préjugés maîtrisent les hommes et combien les lois sont impuissantes à changer les mœurs qu’elles réprouvent, l’histoire des Races maudites suffirait pour atteindre ce but. Il est aisé de comprendre que les Juifs, considérés comme les descendants des meurtriers d’un Dieu, aient été des objets de haine et de mépris pour ses adorateurs, qui, d’ailleurs, n’avaient presque jamais de rapports avec eux sans que ce fut aux dépens de leur fortune ; on oubliait promptement les services qu’on en avait reçus pour se souvenir seulement des conditions onéreuses dont on avait dû subir le joug, sans compter que la nature des opérations auxquelles les Juifs se livraient tout entiers et la résignation qu’ils étaient forcés de pratiquer n’étaient pas de nature à les rehausser dans l’esprit de peuples guerriers ou agriculteurs. Il est encore plus naturel que les Bohémiens, cette race sans foi ni loi, qui ne demande sa vie qu’au mensonge et au vol, aient de tout temps excité un vif sentiment de répulsion chez les populations au milieu desquelles ils