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réputées appartenir à la caste qui nous occupe. Il existe dans le pays un quatrain ainsi conçu :

En Terranère et Mailhoc,
Que son los grans Cagots ;
En Andurans et Canarie,
Qu’ey la gran Cagotherie.

Les Cagots de Terranère, quelques services qu’ils rendissent comme charpentiers, étant les seuls de cet art dans la vallée avant 1791, étaient repoussés de la société des autres habitants ; ils avaient à l’église une porte et un bénitier particuliers, et se tenaient à l’écart dans la chapelle de Saint-Blaise, qui leur était spécialement réservée, tandis que leurs femmes se plaçaient les dernières dans la nef. Ils ne participaient point au pain béni, et n’étaient pas admis à le rendre. Leur cimetière était attenant à celui de la paroisse ; mais un mur les séparait l’un de l’autre. Longtemps avant la Révolution, les morts de Terranère étaient inhumés dans un morceau de terre entre Aucun et ce hameau, d’une étendue d’environ un are et demi. Cet emplacement, qu’on appelait Haussa (cimetière) des Cagots, et qui fut abandonné vers l’an 1760, est à cent mètres environ du village et n’a jamais depuis été mis en culture.

Les autres communes du canton d’Aucun qui renferment des Cagots, sont Arbéost, où il s’en trouve cinq ou six familles, Ferrières qui compte soixante-huit individus réputés tels, et Marsous, où l’on signale deux frères issus d’une femme de cette caste et d’un habitant de race pure. Comme leurs pareils de Terranère, les Cagots de Ferrières avaient, avant 1789, un bénitier et un cimetière particuliers.

Les Cagots de la vallée d’Argelès, s’il faut s’en rapporter à la tradition du pays, avaient les oreilles sans lobe et l’haleine très-puante. On croit encore qu’ils avaient sous la peau