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comme issues de Trangots ; et il suffit, lorsqu’elles ont quelque discussion, de leur rappeler qu’elles en descendent pour les couvrir de confusion. Ce qui donne la mesure de la crainte que cette race et celle des Cagots inspiraient aux autres habitants, ce sont ces mots que les anciens ajoutent encore à la fin de leur prière : Dèū té préservé de la man de Trangot, ét dél diné dét Cagot ! (Dieu te préserve de la main du Trangot, et de l’argent du Cagot !) Comme si la tradition eût pu laisser perdre le souvenir de la naissance des Capots, leur curé avait le soin de le consigner dans les registres de l’état civil, dont la tenue lui était confiée[1].

À Montrejeau, autre chef-lieu de canton du même arrondissement que Saint-Bertrand, il y a eu une famille de Capots, qui habitait dans un quartier situé à environ deux cents mètres de la ville. Le père exerçait la profession de charpentier ; il avait trois fils, qui, ayant contracté mariage, devinrent à leur tour chefs de trois nouvelles familles, dont une seulement a prospéré. Ces gens-là étaient mal vus, méprisés ; ils avaient un bénitier particulier, derrière lequel il leur était enjoint de se tenir. L’épithète de Cagot n’était point la seule qu’on leur donnât, on les désignait aussi sous le nom de courte-oreille.

Entrons maintenant dans le département des Hautes-Pyrénées.

La petite porte et le bénitier qui témoignent de l’existence d’un nombre plus ou moins grand de Cagots dans une paroisse, se voient encore à Ossun, à Juillan et à Lamarque-Pontacq, communes du même canton. Les Cagots d’Ossun étaient une douzaine environ, et tous charpentiers : ce qui explique l’usage, plus répandu autrefois qu’aujourd’hui, de

  1. « Le 17 septembre 1704 est né Bertrand Luent, fils de Pierre Luent et de Jeanne Verdier, de la race des Trangots, habitans de la paroisse de Gourdan, » etc, Registres de la commune de Gourdan.