Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome I.djvu/84

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voit encore et qui représente une tête de femme coiffée en cheveux. Nous ignorons si cette forme est un caprice de l’artiste, ou si elle avait une signification hostile aux Cagots ; nous sommes plutôt porté à croire que c’est un débris de sculpture qui fut utilisé quand on songea à donner un bénitier à part aux malheureux qu’on voulait isoler. N’oublions pas d’ajouter que la porte des Capots avait entrée dans une chapelle qui pouvait contenir environ quarante personnes. Cette chapelle, où sans doute ces parias étaient parqués pendant les offices divins, est depuis longtemps convertie en une sacristie.

Dans une commune voisine de Saint-Bertrand, à Gourdan, il existe six familles qui sont réputées descendre de deux races infâmes et maudites. La première de ces races est celle des goitreux, ou crétins, dont le fâcheux état souvent décrit semble devoir être attribué à des causes purement physiques et locales. Les familles héréditairement affligées de cette infirmité étaient traitées autrefois de la même manière que les Cagots des Basses-Pyrénées, dont le nom servait et sert encore à les désigner. L’affection morbide à laquelle ces familles sont en proie, se montre bien aussi parfois chez quelques autres ; mais cela résulte des alliances et du croisement des races, ou des causes qui ont primitivement donné naissance au mal.

La seconde de ces races réputées infâmes est connue sous le nom de race des Capots ou des Trangots, et son origine est encore un mystère ; cependant on croit dans le pays que c’est le reste d’une colonie de proscrits qui s’y réfugia il y a plusieurs siècles. Ce qui est bien certain, c’est que cette race était repoussée de la société des autres hommes et traitée comme les Cagots, peut-être même plus mal ; car il n’était pas de vices, pas de crimes qui ne lui fussent reprochés. Il existe, à Gourdan, trois familles considérées