généralement pauvres ; il y en a, cependant, qui ont fait fortune en Amérique et ailleurs.
L’Aragon a eu aussi ses Cagots, sinon dans toutes ses parties, au moins dans celle qui avoisine la Navarre et la France, dans le diocèse de Jaca, par exemple, comme nous l’apprend une bulle que nous aurons l’occasion de rapporter plus tard.
Maintenant, nous allons rentrer en France par le département de la Haute-Garonne, et commencer nos recherches par l’arrondissement de Saint-Gaudens.
Tout le monde s’accorde à dire, dans le pays, que des Cagots, qu’on y appelle Capins, et qu’on croit venus de Tarbes, ont habité Saint-Gaudens. Il existe même une rue, au sud de la ville, qui porte leur nom. À l’église, où ils entraient par une petite porte, ils se plaçaient dans un coin qui leur était réservé, et n’avaient aucune communication avec les autres fidèles, dont ils étaient séparés par une balustrade. Ils prenaient de l’eau bénite dans un bénitier qu’on voit encore dans la partie de l’église qui leur était affectée, ou plutôt on la leur donnait au bout d’un bâton. Après cela, il est à peine nécessaire de dire qu’ils étaient un objet de mépris pour la population au milieu de laquelle ils vivaient de leur métier de charpentier, et qui les considérait comme les descendants de ceux qui firent la croix de Jésus-Christ. Cependant, les Capins de Saint-Gaudens furent réhabilités, et une cérémonie des plus pompeuses eut lieu à cette occasion. Le grand-vicaire se rendit en procession à la grande porte de l’église pour les recevoir, et, à dater de cette époque, ils y furent admis sans distinction.
À Aurignac, il y avait autrefois des Cagots, qui y étaient traités comme à Saint-Gaudens, et qu’on y appelait aussi Capins, nom par lequel on distinguait les individus d’une commune voisine.