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occupées par soixante et quinze familles, et la population s’y élève à trois cent quatre-vingt-dix âmes.

Il y a dans le Baztan une différence notable entre les habitants qui sont propriétaires, et les propriétaires qui ne sont pas habitants. Les premiers jouissent, en vertu de la loi municipale, de droits dont les autres sont privés. Des soixante maisons qui existent à Bozate, vingt-quatre sont ce que les Espagnols appelait vicinales, et leurs maîtres sont en cette qualité considérés comme habitants du Baztan ; ils peuvent construire des métairies sur le terrain commun de la vallée, y faire pâturer leurs troupeaux, et ils ont la jouissance des bois comme tous les autres habitants. Mais dans les élections des officiers municipaux, ils n’ont jamais pu élire ni être élus.

Les Agots de Bozate occupent une place déterminée à l’église ; c’est la dernière. Dans les processions on les oblige le plus souvent à marcher les premiers. On raconte que vers la fin du siècle dernier nul Bozatense n’avait encore la permission de s’arrêter sur la place d’Arizcun, d’assister au jeu de paume, et de s’asseoir sur les bancs du cimetière quand les autres habitants attendaient que l’office divin commençât. Ils ne prennent point part, si ce n’est comme musiciens, au bal ou carrica dantza, qui se tient d’habitude sur la place d’Arizcun ; ils en ont un de la même espèce, au centre de leur quartier ; néanmoins il y a des occasions où les jeunes gens de Bozate se mêlent avec les autres habitants sur la place publique.

La plupart des Bozatenses sont pauvres, et exercent les professions de tisserands, de menuisiers, de meuniers, de fermiers, et surtout de ménétriers ; ils jouent, sur les places, de la flûte et du tambour de basque. La pêche, à laquelle ils se livrent, leur donne d’assez grands bénéfices. Le nombre des familles aisées s’élève à six ou huit.