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les maladies héréditaires. Peu à peu, sans doute, ils acquiescerent à la foi de l’Eglise ; mais ils ne purent se régénérer. Ils cesserent d’être ariens, sans cesser d’être lépreux, et cesserent d’être lépreux sans cesser d’être livrés à tous les maux qu’engendre la viciation du sang et de la lymphe.

« Le gouvernement féodal, qui devint celui des barbares, quand ils renchérirent de barbarie, ne se contentoit plus de partager la terre avec le cultivateur ; il s’approprioit les personnes avec les possessions, et le Cagot devint, dans la race des esclaves, un esclave de plus basse condition. En vain les communes rentrerent dans les droits de l’homme ; il n’eut pour sa part que l’ombre de la liberté, et demeura dans une dépendance d’autant plus misérable, que, dans le nombre de ses tyrans, il n’avoit plus un maître qui pourvût à ses besoins. »

Ramond donne ensuite des détails sur quelques familles de Cagots, qu’il dit avoir vues de près, et il termine le chapitre par des réflexions philanthropiques, à la mode alors presqu’autant que pendant la Révolution française, dont ses vœux appellent l’accomplissement, non pas telle qu’elle fut, mais comme elle eût dû être.

À l’époque où il parut, l’ouvrage de Ramond fut accueilli avec beaucoup de faveur ; l’Académie des Sciences nomma des commissaires pour lui faire un rapport sur ce livre, et les journaux en rendirent le compte le plus avantageux[1]. Provoqué par les éloges qui accompagnaient l’analyse du travail de Ramond sur les Cagots, un Béarnais s’inscrivit en faux contre tous ces suffrages, et entreprit de prouver que ce travail péchait également contre le bon sens et contre la vérité.

« Les Cagots des Pyrénées, dit l’auteur au commence-

  1. Voyez le Journal de Paris du 7 janvier 1790, et les Annales universelles, livraison du 9 janvier de la même année.