Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome I.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

autrement il se serait bien gardé d’avancer que « aucun n’a fait attention que dans la Basse-Bretagne, on retrouve les mêmes phénomènes, les mêmes familles, le même nom à peu-près, la même aversion, la même infamie. » Dans son second article[1], Court de Gebelin commence par citer ce que Ballet dit des Cacous, dans ses Mémoires sur la langue celtique, puis il mentionne les ordonnances de 1474 et 1475 qui les concernent, et rappelle que c’est au célèbre Hevin que l’on doit, si l’on en croit du Cange, la suppression de ces lois absurdes et ridicules. Il s’exprime ainsi en terminant : « Voilà donc un Peuple en France, du Nord au Midi, vivant de père en fils dans un état d’ignominie des plus odieux, sans qu’on en ait jamais pu découvrir la raison.

« Mais quand on se rappelle que chez tous les peuples il y a eu de pareils phénomènes ; que les Indiens ont dans leur sein une Caste nombreuse qu’ils regardent avec la même horreur ; que les Hébreux traitèrent de la même manière les Gabaonites ; que David condamna les Ammonites à être Scieurs ; que les Francs tirent des Gaulois autant de serfs ; on ne peut s’empêcher de croire que ces Cagots, Cacous, Cahets, etc. livrés dans la Gascogne et dans la Basse-Bretagne à une ignominie aussi atroce, étoient les restes d’un ancien Peuple qui habitait les mêmes contrées avant que les Bretons et les Cantabres fussent venus habiter la Bretagne et le Béarn, et qui ayant été vaincus par ces nouveaux Peuples, furent asservis à cette affreuse dépendance, pour leur ôter tout moyen de révolte, et pour servir aux besoins des Conquérans. »

En 1784, date de la publication du tome premier des Variétés Bordeloises, l’abbé Baurein recherchant l’origine des Gahets, à propos de ceux qui habitaient le village de Grate-

  1. Ibidem, col. 246, 247.