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s’étonner d’une chose, c’est que ce sujet n’ait point été traité jusqu’ici avec tous les développements qu’il comporte, avec toute l’étendue dont il est susceptible, avec tout le soin qu’il mérite. Nous ne croyons pas être injuste en disant que depuis F. de Belle-Forest, Oihenart et P. de Marca, la plupart des écrivains qui ont parlé des Races maudites de la France et de l’Espagne, ont embrouillé plutôt qu’éclairci les questions que leur origine et leur existence soulèvent, et ont fait regretter par là que la science ne s’en soit pas tenu à ces trois auteurs. Demandez, par exemple, dans le nord, dans le centre de notre pays, et même aux portes des Pyrénées, ce que c’est que le Cagot de ces montagnes, et votre interlocuteur, quelque éclairé d’ailleurs qu’il puisse être, vous donnera, d’après Ramond, une définition qui se rapportera à un être infirme au physique comme au moral, et non à ces « hommes à taille élevée, d’une constitution sèche, musclés, à crâne bien développé, nez long et saillant, traits fortement dessinés, cheveux pressés et châtains[1], » tels que le docteur Guyon décrit les Cagots. C’est donc bien à tort que l’on les confond avec les goitreux et les crétins. Les trois genres d’infortune qu’indiquent ces mots, quoique susceptibles de se trouver réunis dans les mêmes personnes et les mêmes régions, comme

  1. L’Écho du monde savant, Paris. — Dimanche, 19 février 1843 ; n. 11 ; col. 348.