estans Maistres de la Province, il est plus que croyable qu’ils se meslerent avec les naturels du Païs. Il est neantmoins à presumer que le meslange fut petit, à cause de la haine qui estoit entr’eux, laquelle alla s’augmentant si fort que les Gots estans Arriens persecuterent les Aquitains qui estoient Catholiques, pour raison de laquelle persecution ils furent chassés par Clovis de toute l’Aquitaine : Que s’il en demeura quelqu’un, ce furent quelque plus que petites gens qui vivent encore aujourd’huy en Gascogne soubs le vil et abject nom de Capots, sans se mesler par Mariage mesme avec les plus pauvres du Païs[1]. »
La question en était à ce point, lorsque Pierre de Marca tenta de lui donner une autre solution. À cet effet, il fit de nouvelles recherches, dont nous devons lui savoir gré, et sa conclusion fut que les Cagots des Pyrénées et de la Gascogne, les seuls qu’il connût, descendaient des Sarrazins : « I. Je suis obligé (dit-il) d’examiner en cét endroit l’opinion vulgaire qui a prevalu dans les esprits de plusieurs, et qui mesmes a esté publiée par Belleforest, touchant cette condition de personnes qui sont habituées en Bearn, et en plusieurs endroits de Gascogne sous le nom de Cagots ou de Capots, à sçavoir qu’ils sont descendus des Wisigots, qui resterent en ces quartiers apres leur deroute generale. Cette difficulté ne peut estre bien resoluë, sans avoir representé l’Estat de ces miserables, qui sont tenuës et censées pour personnes ladres et infectes, ausquelles par article expres de la Coustume de Bearn, et par l’usage des Provinces voisines, la conversation familiere avec le reste du peuple est severement interdicte : de maniere que mesmes dans les Eglises, ils ont une porte separée pour y entrer, avec leur benes-
- ↑ Histoire sacrée d’Aquitaine, etc. Première partie. Par le R. P. Jean Baiole de la Compagnie de Jésus. A Caors, par Jean d’Alvy, m.dc.xliv, in-4 ; chap. vi, parag. vi, p. 36.