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nales des Races maudites de la France et de l’Espagne, qui ne sont pas même nommées dans les meilleures histoires de ces deux pays. Plus tôt un livre comme le nôtre n’eût pas été possible ; plus tard il ne le serait plus. Les documents, quoi qu’on fasse pour les conserver, s’égarent ou se perdent ; les vieillards, ces chroniques vivantes du passé, s’en vont ou deviennent incapables de répondre aux questions qu’on leur adresse, et leur mémoire se refuse à rendre les chansons populaires qu’ils lui ont confiées : hâtons-nous donc de retracer cette curieuse page de l’histoire moderne, qui, pour être étrangère à l’histoire politique, n’en mérite pas moins l’attention.

Avant nous, plus d’un écrivain a abordé la tâche que nous avons entreprise ; mais à part F. de Belle-Forest et P. de Marca, qui ont parlé des Cagots des Pyrénées de visu, mais incidentellement, et Palassou, qui n’a pas poussé assez loin ses recherches, tous les auteurs qui ont traité cette question n’ont fait que reproduire ce qui avait été dit avant eux, seulement ils y ont ajouté des inexactitudes de leur crû. Un examen successif de tout ce qu’on a écrit relativement aux Cagots, Agots et Capots des Pyrénées et de la Gascogne, aux Gahets de la Guienne et aux Caqueux de la Bretagne, éclairera le lecteur à cet égard, et lui montrera à quel point la question en était lorsque nous l’avons prise. Nous examinerons ce qui a été dit des autres Races maudites en tête du chapitre que nous consacrerons à chacune d’elles.

Le premier auteur qui ait parlé des Cagots est le médecin Laurent Joubert, qui s’exprime ainsi sur leur compte, à propos des taches qu’on voit sur la peau de certains individus : « Quoique de pareilles affections semblent plutôt des impuretés de la peau que des maladies, et que, à ce qu’on dit, elles régnent, non sur la totalité, mais sur de certaines parties du corps, cependant il y a des hommes