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fond, car le grand-père disait : « Si nous avions le malheur de rencontrer les Cagots en chemin, ils nous prendraient toute la charge de nos montures. » Mais cet homme ne sut pas m’expliquer si, dans l’opinion de son grand-père, les Cagots étaient naturellement voleurs, ou s’ils l’étaient seulement lorsque la cagoutille les tenait. »

Nous ne savons rien sur ceux de Pau, sinon qu’en 1756 les pénitents blancs de cette ville firent beaucoup de difficultés pour admettre dans leur confrérie un riche bourgeois de cette caste ; après plusieurs séances, on lui fit dire que, moyennant cent écus (les autres ne donnaient que six livres), on le recevrait. Le candidat fut assez sot pour les donner, et, grâce à cette somme, on passa par-dessus la tache de son origine[1].

Nous savons aussi qu’à la fin du XVIe siècle, les cheminées de la ville de Pau et de ses faubourgs étaient ramonées à l’entreprise par des Cagots, qui ne recevaient qu’un misérable salaire en échange d’un travail hérissé de périls. Il existe encore un contrat passé entre Jacmes de Puxeu, Cagot de Lezons, village voisin de Pau, et les jurats de cette ville, par lequel cet homme s’engage à faire cette opération deux fois par an, moyennant la somme de 36 francs et la fourniture des cordes nécessaires ; encore promet-il de rendre les vieilles qu’il aura en sa charge.

Canton de Pontacq. — Des douze communes qui forment ce canton, celle d’Eslourenties-Darré compte cinq ou six familles cagotes, Limendous autant, et Ger quelques-unes. À Barzun, il existait deux individus de cette caste ; mais ils étaient tous deux étrangers au village : l’un venait de Ger, l’autre de Pontacq ; il n’est resté d’eux qu’une fille, qui, bien qu’elle soit de plus goitreuse, jouit d’une considération

  1. Hist. de Béarn, de l’abbé Bonnecaze, ch. ix, pag. 94.