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il y avait sept capoteries ou maisons habitées par des individus de cette caste, qui payaient à la commune une redevance annuelle de 18 sous tournois chacun. Il existe encore, dans l’église de Ste-Foy de Morlaas, une petite porte, accompagnée de son bénitier, que la tradition dit être la seule par laquelle il leur fût permis de passer. On les enterrait à part dans leur cimetière, qui était hors ville et qui portait le nom de Cimetière des Ladres ; des vieillards ont vu des pans de la muraille qui servait à le clore. Un pont, construit à côté du cimetière devenu champ, a pris le nom de Pont des Ladres.

Canton de Nay. — Ce canton n’est pas moins peuplé de Cagots que le précédent ; on désigne encore comme ayant hérité de cette épithète une famille à Asson, une à Arros, et deux à Nay. L’une de ces dernières est remarquable par la fraîcheur et la beauté de la plupart de ses enfants : aussi se rit-elle, la première, de son origine. Comme dans une foule d’autres communes, il y a, à Nay, une fontaine dite des Cagots. À Pardies, ils étaient nombreux. En 1725, l’un d’eux paya trente livres et une buvette à la commune pour avoir l’entrée du sanctuaire et la permission de chanter avec les autres à l’église ; il s’obligea, en outre, à subir toutes les charges onéreuses de la communauté[1].

À Saint-Abit, les Cagots occupaient une maison connue sous le nom de Sempseus, qui, en 1675, relevait de noble homme Antoine de Peyré, seigneur dudit lieu, du chef de dame Anne de Saint-Abit, son épouse. Pour ce fief, ils payaient annuellement douze sous bons à la Toussaint, et deux poules, l’une à cette époque, l’autre à Pâques ; en outre, les maîtres de ladite maison, en leur qualité de Cagots, étaient obligés de servir le seigneur de leur métier de char-

  1. Histoire de Béarn, de l’abbé Bonnecaze, de Pardies, ch. ix, pag. 94. Cet ouvrage, encore inédit, est entre les mains de M. Bernard Bonnecaze, de Pardies, neveu de l’auteur.