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se tiennent également près de la porte qui leur était destinée. Néanmoins d’autres sépultures se trouvent mêlées avec les leurs, en raison, sans doute, des besoins que l’accroissement de la population a créés, et sous l’influence aussi de la diminution graduelle des préjugés populaires. Ils étaient si forts autrefois qu’un chef de famille cagote ayant été nommé par la protection du seigneur, jurat de Momas, et ayant pris place le dimanche dans le banc municipal, l’une des fortes têtes de l’endroit grava derrière le banc l’inscription suivante : Darré Cagot ! (Arrière Cagot !) À la même époque et jusqu’à 1780 environ, une imposition nommée rancale était prélevée sur tous les Cagots de la commune, et le collecteur accompagné d’un chien avait le droit d’exiger pour ce dernier un morceau de pain ou de méture.

À Sauvagnon les Cagots étaient également enterrés dans un petit cimetière séparé, actuellement occupé, en grande partie, par une maison d’école. On y ensevelissait aussi les étrangers nouvellement établis dans la commune. Les dimanches d’été il y avait pour la masse des habitants une procession, à la suite de laquelle on en faisait une autre particulière aux Cagots, autour de leur petit cimetière.

On ne saurait douter qu’il n’y eût de ces malheureux à Lescar : ce qui me confirme dans cette idée, c’est qu’à l’église de Saint-Julien il existe encore deux portes, l’une au nord, l’autre au midi : que la porte du midi est étroite et basse, et qu’à l’entrée on voit un petit bénitier incrusté dans le mur : porte et bénitier qui, dans les autres communes, étaient à l’usage des Cagots. Il est à regretter qu’il ne reste plus de traces écrites de l’existence de ces misérables à Lescar ; les archives, qui renfermaient des pièces très-précieuses sur l’histoire de Béarn, ayant été consumées en 1787, lors du terrible incendie qui détruisit l’hôtel-de-