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sin voulant creuser un puits à deux mètres de distance, y trouva des ossements humains. D’ailleurs la forme de ce petit monument et le vide qu’on y remarque du côté du levant, vide qui n’existe plus depuis qu’on y a placé la boîte aux lettres, indiquent suffisamment une de ces lanternes des morts qu’on élevait autrefois dans les cimetières et sur lesquelles on a tant écrit[1]. Une pierre bleue, placée au milieu de l’entrée de l’église de Taron et la seule de cette couleur, servait de borne entre les Cagots et le reste des habitants. On l’y voit encore.

Une autre particularité distingue l’église de Saint-Jean-Poudge. Outre une porte dite des Cagots et pratiquée au nord de l’édifice, porte par laquelle, il n’y a pas bien longtemps, la majeure partie de la commune se serait fait scrupule de passer, il s’en trouvait une autre au sud, de plus petite dimension que la première et dite également des Cagots. Cette porte a été murée.

Canton de Lembeye. — À Crouseilles le nombre des familles réputées cagotes s’élève à dix ou douze, toutes composées de charpentiers, de tonneliers et de charrons ; à Gayon et à Momy il monte à deux, et à Lalongue il n’y en a qu’une. Moncaup en compte plusieurs dans son sein. Une Cagote de Seméac, ayant épousé un certain Majoureau de Moncaup, avait perdu cette qualité en vertu de la maxime béarnaise qué lou marit qu’és descagoutibe sa henne. Cette femme est décédée à Moncaup le 18 novembre 1835, âgée d’environ 92 ans, et fut enterrée le lendemain dans l’enceinte du grand cimetière ; ceux de sa race étaient autrefois inhumés, entièrement séparés des autres habitants, dans un coin, transformé, depuis plus de trente ans, en un petit verger dépen-

  1. Voyez, entre autres traités, le mémoire de M. A. de Chasteigner, lu au congrès archéologique de Poitiers en juin 1843, et publié dans les Mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest.