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XII
FANCISCO DA HOLLANDA

esprits de l’époque. L’Arioste, au chant XLVI de l’Orlando furioso, les cite l’un et l’autre au nombre des chevaliers illustres qui l’attendent sur la jetée pour fêter son retour au port[1]. Tous deux faisaient partie d’un groupe de lettrés et d’artistes qui se réunissaient chez le cardinal Farnèse. Lattanzio qui, de plus, était collectionneur et archéologue, avait formé un riche cabinet d’œuvres d’art, ce qui devait suffire à attirer Francisco chez lui tous les dimanches. Voilà donc le valet de chambre de l’infant Dom Affonso introduit de plain-pied dans la meilleure société de Rome. Pourtant ses visées étaient plus hautes encore. Il n’ambitionnait rien moins que l’amitié, où, à défaut d’un honneur si rare, le commerce d’idées, de celui qui domina au-dessus de son siècle comme il n’a cessé de dominer au-dessus de l’âge moderne, de celui qui mérita le nom de divin, de ce sublime Michel-Ange qu’on prétendait être d’un abord si rude et d’une si farouche humeur. Et, ce bonheur, il fut donné au petit miniaturiste d’en jouir, comme s’il devait épuiser en Italie toutes les joies pour n’emporter en son pays natal que nostalgie et regrets.

  1. Con lor Lattanzio e Claudio Tolomei. Ch. XLVI, st. 12.