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si grande, qu’en quelques instans nous la perdîmes de vue. Il s’en allait nuit, le vent commençait à tomber, et l’eau était si basse, que nous touchâmes six ou sept fois : les brisans fondaient sur notre navire, et menaçaient de le submerger. Enfin, nous passâmes de deux brasses et trois quarts à 7 brasses d’eau, où nous fûmes obligés de mouiller, le vent nous ayant manqué tout-à-fait. Il s’en fallait pourtant que nous fussions hors de danger, et l’obscurité vint ajouter encore à l’horreur de notre situation : notre vaisseau, quoiqu’à l’ancre, était menacé d’être emporté à tout moment par la marée ; et nous travaillâmes pendant une partie de la nuit, à préparer une ancre d’affourche. Cependant la providence vint à notre secours : le flux succédant au reflux, et le vent s’élevant du large, nous levâmes l’ancre, malgré l’obscurité de la nuit, et parvînmes à gagner une petite baie, formée à l’entrée de la rivière, par le Cap Disappointment, et appellée Baker’s Bay, où nous trouvâmes un bon mouillage. Il était près de minuit, et chacun se retira pour prendre un peu de repos : les gens de l’équipage surtout en avaient un extrême besoin. Nous étions heureux de nous trouver en lieu de sûreté ; car le vent souffla de plus