Page:Franchère - Relation d'un voyage à la côte du nord-ouest de l'Amérique septentrionale, 1820.djvu/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comparaison la plus nombreuse, se soit volontairement soumise à un joug si humiliant et si oppressif ? Les Tartares, quoiqu’infiniment moins nombreux, ont asservi les Chinois, par la raison que ceux-là étaient guerriers, et que ceux-ci ne l’étaient pas. La même chose est gans doute arrivée, à des époques plus reculées, dans la Sarmatie, et dans d’autres régions Européennes et Asiatiques. Si, aux causes physiques se joignent des causes, morales, la supériorité d’une caste, et l’infériorité de l’autre, seront encore plus marquées : on sait que les naturels de l’île d’Haïty, voyant les Espagnols arriver sur leurs côtes, dans des vaisseaux d’une grandeur pour eux étonnante, et imiter la foudre et le tonnerre avec leurs canons, les prirent pour des êtres d’une nature bien supérieure à la leur. En supposant que cette île eût été extrêmement éloignée de toute autre terre, et que les Espagnols, après se l’être assujétie, n’eussent plus communiqué avec aucun pays civilisé, au bout d’un siècle ou deux, le langage et les mœurs auraient été à peu près les mêmes ; mais il y aurait eu deux castes, l’une de seigneurs, jouissant de tous les avantages, et l’autre de serfs, chargés de tous les fardeaux. Cette théorie parait s’être réalisée ancienne-