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Le taro croît dans des terrains bas, et demande beaucoup de soin : cette racine sechée, broyée et réduite en farine, fait avec le fruit à pain, la principale nourriture des insulaires. Quelquefois ils font bouillir les racines du taro, et les réduisent en une espèce de purée, qu’ils laissent sûrir, et qu’ils mettent ensuite dans de# vases, pour s’en servir au besoin. La dextérité de ces insulaires à préparer à manger, est extraordinaire : ils attrappèrent en notre présence, un jeune cochon, qu’ils tuèrent, et firent rôtir, dans le court espace d’une heure et demie.

L’ava est une plante plus nuisible qu’utile des habitans de ces îles ; puisqu’elle ne leur sert qu’à composer une boisson ennivrante et dangereuse, qu’ils appellent aussi ava. Voici comment se fait cette boisson : ils mâchent la racine de l’ava et en crachent le jus dans un vase ; ce jus, ainsi exprimé, est exposé au soleil pour fermenter ; après quoi on le fait découler dans un autre vase : l’ava est fait alors, et ils en boiyent dans l’occasion jusqu’à s’ennivrer. L’usage trop fréquent de cette liqueur dégoûtante leur fait perdre la vue, et leur donne une espèce de lèpre, dont ils ne se guérissent que par la sobriété, et en se plongeant fréquem-