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le pauvre étranger à coups de pierres : celui-ci s’enfuit de toutes ses forces vers la demeure du roi, suivi d’une troupe de furieux, qui s’arrêtèrent pourtant à quelque distance, tandis que le Portugais, hors d’haleine, se tapissait dans un coin. Nous étions sur l’esplanade, vis-à-vis du palais royal. Nous nous rendîmes aussitôt auprès de sa majesté, qui après s’être fait expliquer la nature de la querelle, et avoir entendu les témoins de part et d’autre, condamna l’insulaire à travailler quatre jours dans le jardin du Portugais, et à lui donner un cochon. Un jeune Français de Bordeaux, précepteur, des fils du roi, auxquels il enseignait à lire, et qui entendait bien la langue du pays, servit d’interprête au Portugais, et nous instruisit de la sentence qui avait été rendue. Je ne saurais dire si notre présence influa sur ce jugement ; et si, dans une autre circonstance, le Portugais eût été traité moins favorablement. On nous donna à entendre que Taméaméa était bien aise que des blancs s’établissent dans ses domaines, mais qu’il n’estimait que les gens de métier, et regardait avec mépris les fainéants, et, surtout les ivrognes. Nous vîmes à Ohahou une trentaine de ces individus, de toutes nations : la plupart gens sans aveu et sans carac-