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suite de quelque éruption volcanique. Sur chacune de ces pointes est un village de médiocre grandeur. La baie se termine en profondeur par un rocher escarpé d’environ deux cents pieds de hauteur, et sur lequel on apperçoit un cocotier isolé.

Sur le soir, je fus à terre avec quelques autres passagers, et nous débarquâmes au village situé sur la pointe occidentale de la baie que je viens de décrire. L’on nous y régala d’une danse exécutée par dix-neuf femmes et un homme, tous chantant ensemble et en mesure. Un vieillard nous fit voir l’endroit où le Capitaine Cook fut massacré, le 14 Février, 1779, et les cocotiers percés par les boulets qui furent tirés d’abord des vaisseaux que commandait ce capitaine. Ce vieillard, soit feinte, soit sensibilité réelle, me parut fort affecté, et même verser des larmes, en nous montrant ces objets. Quant à moi, je ne pus me défendre de trouver un peu singulier de me voir, par le seul effet du hazard, sur ces lieux, le 14 Février, 1811 ; c’est-à-dire 32 ans, jour pour jour, après la catastrophe qui les a rendus à jamais célèbres. Je n’en augurai pourtant rien de sinistre ; et je rentrai dans le vaisseau, avec mes compagnons, aussi gai que j’en étais sorti. Quand je dis