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les trois heures de l’après-dîner. Après avoir raconté ce trait de méchanceté de notre capitaine, on me permettra de faire quelques remarques sur son caractère. Jonathan Thorn avait été élevé au service de sa patrie, et s’était distingué dans une bataille que les Américains avaient livrée aux Turcs à Tripoli, il y avait quelques années ; il avait le grade de 1er. lieutenant de vaisseau. C’était un homme exact et rigide, d’un caractère vif et emporté, habitué à se faire obéir au moindre signe ; ne considérant que le devoir, et se mettant fort peu en peine des murmures de son équipage ; ne prenant conseil de qui que ce fût, et suivant à la lettre les instructions de Mr. Astor. Tel était à peu près l’homme qui avait été nommé pour commander notre vaisseau. Ses manières hautaines, son humeur brusque et altière, lui avaient fait perdre l’estime d’une grande partie de l’équipage et de tous les passagers : il le savait, et cherchait toujours en conséquence l’occasion de nous mortifier. Il est vrai que les passagers avaient quelques torts à se reprocher à son égard ; mais il avait été l’aggresseur ; et rien ne pouvait l’excuser de l’acte de cruauté et de barbarie dont il se rendait coupable, en nous laissant sur les rochers stériles des îles Falk-