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avoir conjuré notre perte : la mer paraissait toute en feu, tandis que notre vaisseau était le jouet des vents et des flots. Nous tînmes les écoutilles fermées ; ce qui ne nous empêcha pas de passer de fort tristes nuits, tant que la tourmente dura ; car les grandes chaleurs que nous avions éprouvées entré les deux tropiques, avaient tellement desséché notre pont, que toutes les fois que les vagues passaient par dessus, l’eau coulait abondamment sur nos hamacs. Le 14, le vent changea, et se fixa au S. S. O. ce qui nous obligea à louvoyer. Pendant la nuit, nous eûmes un coup de mer terrible : notre gouvernail pensa être emporté ; l’homme qui tenait la barre fut jetté d’un bord à l’autre du vaisseau, et tellement froissé, qu’il fut contraint de garder le lit pendant plusieurs jours.

Par les 85 dég. 19 min. de lat. et 40 dég. de long. la mer nous parut couverte de plantes marines ; et le changement que nous remarquâmes dans la couleur de l’eau, ainsi que le grand nombre de mouettes et d’autres oiseaux aquatiques que nous apperçûmes, nous prouvèrent que nous n’étions pas fort éloignés de l’embouchure de Rio de la Plata. Le vent continua à souffler avec force jusqu’au 22, qu’il