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SOUVENIRS D’UN PAGE.

dans d’autres occasions où la bravoure n’avait pas besoin d’être accompagnée de ce génie, ou de ce calme réfléchi, nécessaire à un chef de parti.

Dans toutes les cérémonies, ce prince se faisait remarquer par son extérieur et son extrême magnificence. Lorsqu’il paraissait à cheval, en uniforme de colonel général des hussards, il éclipsait la troupe brillante qui l’accompagnait.

Je ne chercherai point à pénétrer dans les secrets de son Palais-Royal ; le peu de soin qu’il mettait à cacher ses désordres les a rendus assez notoires, et vouloir en particulariser les détails ce serait vouloir écrire autant de romans.

Ce fut à la séance royale du mois de 178[1] que la conduite politique du duc d’Orléans se démasqua ouvertement. Le roi en fut péniblement affecté. Ce monarque, trop régulier pour aimer le duc d’Orléans, vit bien alors que la dissolution de ses mœurs n’était pas la seule chose qu’on pût lui reprocher, et que ses projets ne tendaient à rien moins qu’à ébranler la monarchie.

L’exil qu’il lui imposa à Villers-Cotterets fut plutôt une marque de mécontentement qu’une punition véritable, et les larmes de madame la duchesse d’Orléans eurent bientôt fait cesser ces insignifiants arrêts.

Cette princesse avait pour elle l’ascendant de la vertu qui lui conciliait tous les respects. Tristement

  1. Sic. 19 novembre 1787. (Note des éditeurs.)