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SOUVENIRS D’UN PAGE.

décider madame Élisabeth à quitter son frère et à les suivre.

Malgré les précautions dont elles s’étaient entourées et tous les passeports qu’elles s’étaient fait délivrer, elles se virent arrêtées par une petite municipalité qui, à l’exemple de tant d’autres, se pensant souveraine, se mit bravement au-dessus de la loi. Elles restèrent donc à Arnay-le-Duc, en Bourgogne, jusqu’à ce que leur écuyer, M. de Boisheul, qu’elles avaient renvoyé à Paris, en rapportât un décret de l’Assemblée nationale qui ordonnait la mise en liberté des deux princesses, coupables, aux yeux de quelques factieux, d’avoir voulu profiter de la liberté accordée à tout individu par les lois de la nation. ·

Sans doute Mesdames ne trouvèrent point le bonheur à Rome. Le bruit de la chute du trône de leurs pères, les malheurs de leur famille vinrent troubler la paix dont elles auraient pu jouir dans la ville éternelle. Elles purent du moins porter au pied des autels leurs larmes et leurs prières pour leur coupable patrie, jusqu’au jour où des conquêtes, que la prudence du chef de l’Église le plus respectable n’avait su ni prévenir ni arrêter, les forcèrent à abandonner la cité hospitalière qui les avait accueillies. Elles quittèrent donc Rome pour se retirer à Naples ; et, après avoir bien souvent changé d’asile, madame Adélaïde eut la douleur de voir mourir sa sœur cadette, à Trieste. Bientôt le chagrin abrégeant sa pénible existence, elle mourut elle-même à Clâgenfurth sans avoir eu, depuis son dé-