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SOUVENIRS D’UN PAGE.

cour, et dans une classe moins élevée chercher plus de liberté. Le prince, malgré tout, mettait dans ses écarts toute la pudeur possible ; et si cela peut atténuer ses torts, je dirai qu’il cachait, autant qu’il le pouvait, ces accrocs faits à la morale et aux bonnes mœurs.

M. le comte d’Artois avait eu de son mariage quatre enfants. Deux filles qui auraient pu faire le bonheur de leur mère, moururent en bas âge. Il ne restait que deux garçons : les ducs d’Angoulême et de Berry. Le premier, aujourd’hui héritier présomptif d’une prétention bien reculée au trône de France, avait vu son mariage arrêté avec la fille du duc d’Orléans. Mais l’on fit apercevoir à la reine combien le jeune duc d’Angoulême se trouvait rapproché du trône par la faible santé des deux enfants du roi, et combien une alliance avec sa propre fille, — alliance que nous avons vue se réaliser sous des auspices moins heureux, — serait avantageuse pour Madame Royale. La reine se rendit à ces observations et fit rompre les premiers engagements. Cette opposition de Marie-Antoinette contribua beaucoup au développement de la haine vouée par le duc d’Orléans à la famille royale.

Les deux enfants de M. le comte d’Artois étaient élevés sous les yeux du duc de Sérent, dans le château de Beauregard, situé au milieu des bois, du côté de Marly, et appartenant alors au marquis de Montaigu. Ces deux princes ne présentaient point de grands moyens ; et leur vie, depuis le renversement de leur dynastie, a toujours été assez obscure.