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ENFANTS DU ROI.

Déjà le malheur et les soucis l’avaient touché, et, on le sait, quand le cœur est déjà blessé, la douleur y pénètre plus facilement.

Le Dauphin fut conduit à Saint-Denis, sans pompe et sans cérémonie. Ses parents ne l’y devaient pas rejoindre. Son séjour à lui-même y devait être bien court ; car ses restes, à peine défigurés, allaient servir de jouet à la populace, et se voir confondus, dans un vaste creuset, avec les cendres de cette longue suite de rois qui dormaient là de leur dernier sommeil.

La qualité, si peu enviable en ces temps malheureux, d’héritier présomptif de la couronne, passa à Charles-Louis, connu sous le nom de duc de Normandie, né le 27 mars 1785.

C’est cet enfant infortuné, victime de si atroces persécutions, qui, objet de crainte au fond de sa prison, et confié à la garde d’un infâme scélérat, contracta dans les privations et la misère de précoces infirmités qui le conduisirent au tombeau. On a voulu voir dans sa mort si prompte le résultat d’un crime, et on a pensé que le poison avait abrégé ses jours. Il est presque certain aujourd’hui qu’on n’a pas eu besoin de recourir à ce moyen. Le médecin Jeanroy, homme intègre et de mœurs austères, appelé pour visiter le corps de cette touchante victime, y alla avec la résolution bien arrêtée de dire la vérité tout entière, et de braver pour cela tous les dangers. Il trouva dans l’organisme des accidents assez graves pour avoir pu procurer la mort sans l’aide de moyens criminels. Mais