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SOUVENIRS D’UN PAGE.

l’ayant emporté à l’Assemblée nationale dans une violente discussion sur la déchéance, on termina bien vite une prétendue constitution qui fut présentée au roi le 4 septembre. Il vint lui-même l’accepter le 14, dans le sein de l’Assemblée nationale, et y recevoir de nouvelles humiliations. Obligé de quitter son cordon bleu, il vit le président, l’avocat Thouret, assis sur un fauteuil semblable au sien, les jambes croisées, ne pas même quitter cette posture pour lui parler. La seule chose qui put dédommager le roi de tant d’amertumes, fut une amnistie qu’on prononça en faveur de ceux qui avaient favorisé son évasion ou fait quelques tentatives pour lui rendre sa puissance. L’acceptation qu’il fit de la constitution lui donna quelque liberté ; mais bientôt de nouvelles trames, plus scélérates et bien mieux combinées, achevèrent de creuser le précipice, et le roi, la monarchie, la gloire de la France, tout y fut précipité !!!


Je ne vous peindrai point le tumulte et les cris ;
Le sang de tous côtés ruisselant dans Paris ;
Le fils assassiné sur le corps de son père,
Le frère avec sa sœur, la fille avec la mère ;
Les époux expirant sous leurs toits embrasés,
Les enfants, au berceau, sous la pierre écrasés,
Des fureurs des humains c’est ce qu’on doit attendre

Voltaire, Henriade