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DÉPART DU ROI.

devant, Pétion était entre les deux princesses. Madame de Tourzel suivait dans la voiture de Latour-Maubourg. Ces trois députés à l’Assemblée nationale avaient été envoyés pour protéger le retour du roi ; et les vertus, le courage, la patience de cette famille infortunée firent une telle impression sur Barnave, que ce jeune député, d’une figure aimable et douce, mais qui avait mérité, par ses opinions sanguinaires, le surnom de Tigre, changea entièrement, et fut un des premiers à demander le rétablissement du roi. Ce changement finit par le conduire à l’échafaud, où il expia ses premières erreurs.

Après cinq jours de route, par une chaleur excessive, au milieu de tant de dangers, d’inquiétudes et d’angoisses, on conçoit le bonheur qu’éprouvait la famille royale de pouvoir échapper à la fureur populaire. Ce ne fut pas sans peine qu’elle arriva aux Tuileries. Elle y retrouva ses fidèles amis en larmes et l’inquiétude dans le cœur. Le roi fut aussitôt séparé de sa femme et de ses enfants, et, pendant plusieurs jours, ils ne se retrouvèrent qu’à l’heure de la messe, au milieu d’une garde nombreuse et de surveillants sévères. À peine pouvaient-ils se demander mutuellement de leurs nouvelles. Tous ceux qui avaient accompagné le roi ou favorisé sa fuite furent incarcérés. Madame de Tourzel, les femmes de chambre, les trois gardes du corps, M. le duc de Choiseul, M. Charles de Damas, M. de Gognelas, etc., devaient être jugés par la haute cour nationale établie à Orléans ; mais le parti royaliste