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FÉDÉRATION DE 1790.

Pendant ces démonstrations d’amour, les députations des troupes de ligne entraient au champ de Mars. Placées du côté de la rivière, éloignées de leur souverain, elles cherchaient à le voir, mais en vain ; ses perfides conseillers, au lieu de lui faire parcourir à cheval cette vaste étendue, l’avaient relégué sous un pavillon où ces braves guerriers, retenus à leur place par la vieille consigne française, le cherchaient inutilement des yeux ; c’est ainsi que, par une préméditation coupable, l’armée avait été éloignée. Tout l’honneur de la fête devait retomber sur M. de La Fayette, qui, sur son grand cheval blanc, entouré de son brillant état-major, parcourait la plaine et cherchait des hommages qui, ce jour-là, ne lui furent pas prodigués.

Tout à coup, des rangs de l’infanterie de ligne sort un officier très-âgé. Il traverse le champ de Mars ; sur son front chauve le malheur semble avoir imprimé sa trace ; il monte lentement, dans l’attitude du respect, les trente marches du trône, et, un genou en terre, il présente un placet au roi. Le monarque le reçoit, et le vieillard se retire dans la même attitude. On pense bien qu’une demande unique, faite dans une pareille circonstance, ne fut pas refusée. À peine l’officier eut-il regagné son rang qu’un aide de camp part, et porte la réponse favorable. Les spectateurs, qui le comprirent, redoublèrent leurs acclamations. Je n’ai su ni le nom, ni le régiment de cet officier ; mais son uniforme était blanc, avec revers et parements jaunes.

Enfin, tout le cortége étant arrivé et placé, on com-