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FÉDÉRATION DE 1790.

rait pour que la cour se rendit des Tuileries à l’École militaire. À huit heures du matin le roi était prêt avec toute sa suite. Les voitures, au nombre de vingt-deux, étaient réunies dans la cour. Nous attendîmes l’aide de camp jusqu’à près d’une heure, tant la marche fut lente ; alors on monta à cheval, et, au milieu des torrents de pluie, on se rendit rapidement au champ de Mars.

Le roi se retira un instant dans un appartement, et, curieux de voir le coup d’œil, je me rendis sous la galerie, peu disposé, je dois l’avouer, à trouver rien de beau à ce spectacle. Mais je ne pus m’empêcher d’être frappé du magnifique tableau qui s’offrait à ma vue. Une immense population faisant retentir cette vaste enceinte d’acclamations réitérées, toutes ces députations rangées en bataille avec leurs drapeaux flottant dans les airs, tout cela était vraiment majestueux. Au milieu s’élevait, sur un tertre, un autel magnifique entouré de vases antiques, qui jetaient des tourbillons de vapeurs odorantes. Un clergé nombreux dominait cette foule de guerriers ; à ses pieds cinq cents tambours et autant d’instruments attendaient le signal pour indiquer la célébration des mystères et publier les louanges du dieu des armées, tandis qu’une nombreuse artillerie, disposée sur les bords de la Seine, allait prévenir tout le pays du moment de la cérémonie.

Les fédérés, en attendant qu’elle commence, quittent leurs rangs pour former des rondes immenses au bruit des cris mille fois répétés de : Vive le roi ! Bientôt le roi se place sur son trône. Cette foule se