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LA COUR À PARIS.

gnificence d’un souverain ; il doit en imposer aux yeux. Mais quelles tristes réflexions ne me suggèrent pas la somptuosité des Tuileries et la richesse des meubles de Bonaparte, quand je les compare à la nudité des appartements de Louis XVI qui, comme lui, gouvernait la France ! Mais les vertus de ce dernier, et ses ancêtres, le souvenir de cette arrière-garde de rois, formaient le plus grand éclat de sa couronne.

Le principal ameublement de Louis XVI aux Tuileries, consistait en grandes tapisseries, plutôt destinées, d’après le goût du siècle, à couvrir les marches des autels qu’à servir de tentures. Les dorures étaient celles qu’avaient ordonnées Mignard et Coypel. Pas une glace nulle part. On fut obligé de mettre sur la toilette du roi un petit miroir pour que ce prince pût s’habiller.

La vaste salle du pavillon des Tuileries, aujourd’hui la salle des Maréchaux, servait aux Cent Suisses. Cette poignée d’hommes faibles, déjà gagnés de l’esprit révolutionnaire, se laissèrent écraser par les troupes de La Fayette, qui prirent les postes et le service des gardes du corps et s’établirent dans la seconde salle. Tous les jours un bataillon était relevé par un autre qui, avec le plus grand fracas, traînait toujours après lui ses deux pièces de canon, qu’on plaçait de chaque côté de l’entrée du château, et auprès desquelles on restait, la mèche allumée, moins pour défendre le roi que pour effrayer ses amis et même le peuple imbécile qui, d’un moment à l’autre, aurait pu s’émouvoir en sa