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SOUVENIRS D’UN PAGE.

de ces fleurs connues sous le nom de couronnes impériales. Les princes et toute la cour, dans le plus grand éclat, suivaient la famille royale.

Cette procession à jamais célèbre défila devant la petite écurie, où, sur un balcon et presque expirant, était couché sur un monceau de coussins l’héritier présomptif du trône. C’était bien le symbole de la monarchie qui, comme lui, avait déjà un pied dans l’abîme. Ce bel enfant, si précoce, si doux, laissait, au milieu de ses douleurs, échapper parfois un sourire à la vue de sa tendre mère et de son père, dont les yeux se remplissaient de larmes en pensant aux souffrances de leur enfant. Ah ! si l’avenir se fût déroulé devant toi, prince infortuné, au lieu de pleurer, tu te serais prosterné devant ce Dieu que tu suivais si pieusement, pour le remercier d’appeler à lui ce précieux rejeton, et de le soustraire ainsi aux malheurs qui attendaient sa famille et aux tortures de la prison du Temple !

On arriva à l’église de Saint-Louis où l’on chanta la messe. L’évêque de Nancy, l’abbé de la Fare, prononça un discours rempli de passages éloquents, de mouvements oratoires. Chose inouïe ! des battements de mains, jusque-là réservés à nos salles de spectacle, lui témoignèrent la satisfaction de l’assemblée. Ce manque de respect à la Divinité fut le premier coup de hache contre l’autel et le signal de la destruction du culte.

Le 5, eut lieu l’ouverture des États généraux. La