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ÉTATS GÉNÉRAUX.

la haine de l’épiscopat. La noblesse comptait autant de partis que d’individus ; celle des provinces voulait restreindre les faveurs et les grâces accordées avec plus d’abondance à celle de la cour ; celle-ci, sous le prétexte de deux chambres, visait à la pairie, et les pairs eux-mêmes trouvaient leurs attributions trop bornées. Le tiers état nourrissait dans son sein la haine des priviléges des autres ordres, l’esprit d’irreligion, de désorganisation et d’anarchie dont il nous a donné des preuves si sanglante. En un mot, tous ces députés, qui devaient n’avoir qu’un seul but en accourant, celui de seconder le vertueux monarque dans ses nobles projets, n’apportèrent que leurs haines secrètes, un malheureux esprit de parti, toutes les passions enfin qui peuvent germer au cœur de l’homme.

Il arriva enfin ce 4 mai, ce jour qui devait être l’aurore du bonheur de la France, et qui ne fit qu’annoncer la chute de son antique monarchie. Tous les députés arrivaient en foule à Versailles. Dès le 1er mai, les hérauts d’armes, revêtus de leurs cottes de velours violet parsemées de fleurs de lis d’or, montés sur de superbes chevaux blancs, accompagnés de troupes et de toutes les trompettes de la grande écurie, proclamèrent dans les carrefours de Versailles l’ouverture des États généraux. Le 3 au soir, la pluie tombait avec violence ; le roi, à son coucher, regardait sans cesse le temps, et donna l’ordre que, si à cinq heures du matin il ne pleuvait plus, on tendît les tapisseries sur le passage de la procession. Le lendemain, la journée fut assez belle. Dès le matin