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SOUVENIRS D’UN PAGE.

obligé de leur accorder toutes leurs demandes, il cesseroit d’être roi. » Aussi, Louis XVI perdit sa couronne dès que ces États généraux firent succéder à leurs doléances le langage le plus arrogant. « Jamais, dit encore Ferrand, les États généraux, même les plus séditieux, n’ont prétendu participer à la législation. Ils exposoient ce qu’ils croyoient devoir demander pour le bien de l’État, ou ce que leur suggéroient les intrigues et les factions dont ils étoient toujours remplis ; jamais ils n’ont présenté ces doléances qu’à genoux, et cette attitude n’annonce aucune idée de souveraineté ; jamais on ne leur demanda leur avis que sur les impôts… » Voilà quel était le rôle des États généraux sous la monarchie ; nous connaissons tous celui qu’ils se sont arrogé aux premiers jours de la révolution. Le prince malheureux qui les convoqua était loin de prévoir qu’en appelant près de lui l’élite de la nation, il s’entourait de factieux et de régicides.

Je ne ferai point ici l’historique de cette assemblée, de cette lutte effrayante entre les sujets et le souverain. Sa convocation avait excité un véritable enthousiasme dans tout le royaume et même à la cour. On en attendait impatiemment l’ouverture ; tout le monde s’agitait pour en faire partie. Mais qu’ils étaient rares ceux qui entrèrent dans cette enceinte avec des intentions pures et droites ! Le haut clergé se persuadait que les subsides demandés à son ordre sous le nom de dons gratuits seraient réformés. Les curés y arrivaient avec