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LE ROI.

depuis payer ce bienfait que par la plus basse ingratitude.

Louis XVI n’avait pas plus de maîtresses que de favoris. La méchanceté elle-même l’a épargné sur ce point. Bon père, époux fidèle, il trouvait le bonheur dans les caresses de sa famille, et la force de supporter ses peines dans une piété solide et éclairée qu’il savait allier aux devoirs de la royauté.

Dans maintes circonstances, aux jours mauvais de la Révolution, Louis XVI eût reconquis son autorité avec un peu d’énergie ; mais l’horreur que lui inspirait toute idée de massacre, la crainte de compromettre sa famille et ses serviteurs le retenaient, tandis que ses dangers personnels n’étaient rien à ses yeux. Peut-être que, plus éclairé que nous, il avait vu de bonne heure que la Révolution était l’hydre de la fable ; qu’une tête abattue en produirait mille autres et qu’il fallait se résigner au malheur. La lâcheté qu’on lui reprocha disparut, lorsqu’il fut sous la main de fer de l’adversité. Il a su mourir en roi, sans bassesse, en chrétien, sans trouble et sans effroi ; il a donné l’exemple du courage le plus sublime, du pardon le plus généreux. Sa mort, en couvrant la France de honte, n’en sera pas moins une des plus belles pages de l’histoire. Ses derniers souhaits, ses dernières paroles, retentiront dans les siècles futurs, commanderont à la postérité l’admiration la plus profonde. Sans doute la France leur doit sa gloire et ses succès : du haut du ciel, Louis XVI lui pardonne et veille à ses destinées.