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SOUVENIRS D’UN PAGE.

M. de Calonne ; j’ai connu son fils, il avait à peine l’esprit d’un homme ordinaire.

M. de Calonne, entravé dans ses plans de nouveaux impôts par les remontrances et les oppositions des parlements, sur qui portaient et pesaient ces impôts, crut pouvoir les dompter en assemblant les notables du royaume. Ce fut sa perte et celle de la monarchie. Il fut obligé de leur dévoiler que le déficit du trésor royal allait à cent dix millions, sans pouvoir faire entendre que cet excédant de dépenses provenait moins des dilapidations de la cour que des énormes intérêts payés pour les emprunts contractés par Necker pendant son premier ministère. La retraite de M. de Calonne fut le signal de celle de plusieurs autres ministres. À M. de Ségur succéda le comte de Brienne, et à M. de Castries, M. de la Luzerne. M. de Vergennes, à sa mort, avait été remplacé par M. de Montmorin, diplomate éclairé mais timide, et dont les conseils pusillanimes ont bien nui aux intérêts de Louis XVI ; mais ses fautes involontaires et l’espèce d’attachement qu’il montrait, extérieurement du moins, au parti constitutionnel, ont été effacés par sa mort funeste après le 10 août.

Avant sa retraite, M. de Calonne avait fait ôter les sceaux à M. de Miromesnil, pour les donner à M. de Lamoignon, nom célèbre dans la magistrature, mais, personnellement, l’ennemi le plus ardent de son corps ; et cette haine particulière entre le ministre et le parlement contribua à amener le parti violent que prirent