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SOUVENIRS D’UN PAGE.

parangon, connu sous le nom de Régent, formait le bouton du chapeau ; et celui appelé le Sancy était à l’extrémité d’une épaulette, et servait à retenir le cordon bleu qu’on portait sur l’habit dans les grandes cérémonies.

Le goût dominant de Louis XVI était la chasse. Il y prenait le plus grand intérêt, indiquait lui-même les cantons, tenait note des cerfs forcés, de leur âge et des circonstances de leur prise. Ce noble amusement, si salutaire à sa santé, était sa seule passion. Il allait aussi très-fréquemment à la chasse au fusil, et, malgré sa mauvaise vue, il tirait avec une grande précision, et un si grand nombre de coups, que je l’ai vu souvent revenir avec la figure toute noircie par la poudre. Quant à la chasse au faucon ou au vol, elle n’avait lieu qu’une fois chaque année, avec une grande solennité. Le roi montait mal à cheval et sans beaucoup de hardiesse. Il arrivait souvent que les demi-bottes fortes, appelées bottes à chaudrons, dont il avait l’habitude de se servir, effarouchaient les chevaux, pour peu qu’ils eussent les aides fines ; mais un cheval qui lui faisait une sottise était sur-le-champ réformé des rangs du roi.

Bien loin de passer sa vie dans la débauche, ou livré aux occupations d’un travail tout mécanique, le roi employait à la chasse ou consacrait à l’étude le temps qui n’était point réclamé par les affaires et les conseils. Ceux qui, par leur service ou par curiosité, pénétraient dans son cabinet, pouvaient s’en convaincre par la quantité de papiers, de livres usés, épars sur son bu-