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SOUVENIRS D’UN PAGE.

amené par un missionnaire pour demander le secours de la France en faveur de son père, chassé de ses États par un usurpateur. Ce missionnaire, Mgr Pierre-Georges Pigneau, évêque d’Adran, s’était attaché au souverain de la Cochinchine lorsque sa dynastie s’était trouvée renversée par une rébellion. Il avait alors offert un asile chez lui au frère cadet du dernier roi jusqu’en 1779 environ, que le monarque évincé était parvenu à reconquérir une partie de ses États. Le retour de celui-ci au pouvoir ne fut que momentané, car il fut de nouveau expulsé, ainsi que l’évêque, en 1782, et obligé de se réfugier dans une île du golfe de Siam. C’est de là qu’après tant de vicissitudes le prélat, muni du sceau royal, partit avec le jeune héritier pour solliciter la protection de la France.

Il arriva à Pondichéry le 27 février 1785 et, avec l’aide des négociants français, qui comprenaient les avantages et les conséquences des projets de l’évêque d’Adran, il parvint à Lorient au mois de février 1787. En France, on fit peu d’attention aux demandes de l’évêque, tant les esprits étaient déjà préoccupés des nuages qui s’amoncelaient à l’horizon. Ce ne fut qu’après bien des objections et des difficultés qu’un traité fut signé, en novembre, par le comte de Montmorin, ministre des affaires étrangères, traité en vertu duquel on accordait, moyennant certaines concessions, un secours en vaisseaux et en hommes. Mais à l’arrivée de Mgr Pigneau dans l’Inde, en mars 1788, de nouveaux obstacles, suscités tant par la mauvaise volonté et la jalousie des