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SOUVENIRS D’UN PAGE.

jets d’eau, qui jaillissaient toute la nuit et répandaient une douce fraîcheur dans la salle de danse, tandis que de nombreux tuyaux de calorifères échauffaient les autres appartements.

Rien n’était oublié. Deux femmes de chambre se tenaient dans un cabinet de toilette pour réparer le désordre que la vivacité de la danse pouvait amener dans le costume. Et comme la disposition de la salle n’avait pu laisser pour ce cabinet qu’une demi-circonférence, on y avait adapté des glaces qui rendaient l’illusion parfaite et lui donnaient la forme d’une rotonde.

Les costumes étaient élégants, mais simples. Les hommes étaient en habits habillés et dansaient avec leurs chapeaux à plumet sur la tête, usage extrêmement noble et gracieux, que je n’ai vu pratiquer qu’à la cour de France. Plusieurs hommes y portaient des habits noirs brodés en jais, et le reflet des lumières sur cette broderie rendait ce costume très-brillant.

Il fallait monter dans les carrosses, c’est-à-dire être présenté, pour avoir l’entrée de ces bals et y danser. Tout ce qui était de service y entrait sans pouvoir y danser ni se mettre à table. Il n’y avait même pas d’exceptions pour les officiers des gardes ; aussi plusieurs nous faisaient-ils la cour pour venir souper à la table qu’on nous préparait dans une salle particulière.

À minuit, on servait le souper dans l’ancienne salle de spectacle. Chaque table était d’une douzaine de